Son nom est merveilleusement et étroitement associé à la fête des lumières, il a été à ses préliminaires, en 1997, dans un événement lumière qui la préfigurait. En 1999, pour la première fête son œuvre qui colorisait la façade de l’Hôtel de ville a été marquante.
Patrice Warrener est un des plus talentueux artiste français reconnu, spécialisé dans les sculptures lumineuses et les installations. Il est surtout célèbre pour son travail dans le domaine de l’éclairage architectural, où il utilise la lumière comme un médium pour transformer les bâtiments en œuvres d’art dynamiques. Sa technique, mise au point avant l’ordinateur, il l’a intitulée Chromolithe : le suffixe «lithe» du grec λίθος désignant ce qui a un rapport à la pierre. C’est le programme de Patrice Warrener. Il met en lumière polychromatique les détails architecturaux des structures, créant ainsi un effet de réalisme merveilleux. Il est reconnu internationalement.
Philipp Frank a récupéré 300kg de filets de pêche à Marseille et des tubes métalliques de chantiers pour bâtir l’œuvre qui sera exposée en cette fête des lumières 2024, dans le bassin rempli d’eau place de la République.
Ses propos sont tout à fait passionnants sur la démarche d’un homme animé d’une foi artistique, attiré par la nature, pétri de culture vidéo et street art, il a commencé en faisant des graffitis à 14 ans avant d’intégrer une école d’art en Allemagne.
Interview de Philipp Frank :
Nous avons rencontré Philipp Frank lors de la conférence de presse de la fête des lumières 2024, mardi 5 novembre, ce qui explique l’environnement sonore.
Une œuvre forte, originale et intrigante à plusieurs titres… et très éphémère.
Des œuvres street-art diablement atypiques, il y en a eu et il y en a sur les murs et les trottoirs de Lyon. Les torses jambes en l’air de « Droit dans le mur », les statues de Green végétal world, les flackings dans les fissures du bitume de Ememem. En voici une nouvelle, extrêmement intrigante, au 17 rue Burdeau, en bas des pentes de Croix-Rousse, à une petite encablure de la Montée de la Grande Côte. Elle emmène à la fois dans le DIY et du côté cru et plein de symbolisme du Catalan Antonio Tàpies.
Le Christ au sommier, square 17 rue Burdeau, non signé photo LV le 6 juin 2024
Une œuvre forte, originale et intrigante à plusieurs titres.
Son support, un sommier !
Un vieux sommier avec sa traverse arrière enfoncée, couvert sur sa toile avant de ciment brut, granuleux.
Sa composition
Sur ce lit de ciment, la branche verticale d’une croix est esquissée, la branche horizontale est absente. Au trois quart de sa hauteur un Christ en bouts de fils de fer agglomérés. On est dans l’art brut, le DIY, le symbolisme. On est dans la figure souffrante, blessée. On est dans la grande pauvreté, la nudité rêche. On est dans le dépouillement extrême. L’art pauvre.
Son installation
Posé contre le mur du fond du square, espace public très fréquenté, à même le sol, non fixé, il peut être déplacé, emporté, renversé. Un statut de passage, bien qu’il représente une figure vieille de deux millénaires.
Le square du 17 rue Burdeau avec plusieurs œuvres street-art Photo LV le 6 juin 2024
Venez vite voir ce Christ au sommier, car il est voué à disparaître rapidement, dès que le service des espaces verts de la municipalité passera s’occuper de ce joli square-jardin installé entre des murs vertigineux d’immeubles aux façades ocres.
Le festival international de street-art au si joli nom qui avait cartonné l’an dernier avec ses 53000 visiteurs, revient pour la 5e fois cette année dans un lieu littéralement gigantesque, les usines Fagor.
Le festival au si joli nom qui avait cartonné l’an dernier avec ses 53000 visiteurs, revient pour la 5e fois cette année dans un lieu littéralement gigantesque, idéal pour des œuvres murales démesurées, les anciennes usines Fagor. Situées dans une friche industrielle de 15000 m2, ces usines seront le théâtre en direct live de l’expression artistique internationale la plus contemporaine avec des performances de street-artistes.
C’est de 11 octobre au 5 novembre 2023 à Lyon, facilement accessible des Lyonnais, des Rhônalpins comme des voyageurs en train.
Un retour aux sources du street-Art
En rendant hommage aux légendaires « Writers » et « Graffiti artists », ces artistes des rues dont les messages codés et les lettrages ont redéfini l’art urbain, le festival « Peinture Fraîche » 2023 nous replonge dans les toutes premières origines du street-art. Il met en lumière les intrications cachées derrière ces lettres souvent indéchiffrables du projet 5POINTZ. Les murs de l’usine Fagor se parent ainsi des couleurs et de l’énergie du légendaire 5Pointz, grâce au talent de 83 artistes internationaux, nationaux et locaux. Le « Graffiti park » : une plaine de créativité urbaine Une des attractions majeures du festival est ce Graffiti Park, un espace extérieur de 7000 m2 entièrement dédié à l’expression artistique et à la liberté de création. Découverte, divertissement et même initiation au graffiti y prennent vie sous le soleil de l’été indien et lyonnais. On se régale des artistes à l’œuvre, on échange avec eux et même, même, pourquoi pas se lancer et laisser votre propre trace sur les murs.
Des fresques performances réalisées en live
Chaque semaine, le festival « Peinture Fraîche » réservera des surprises totalement inédites, qui seront réalisées en direct. Deux artistes se livreront à une performance, peignant au gré de leur inspiration les immenses surfaces murales des œuvres qui grandiront sous nous yeux comme un arbre poussant en quelques jours.
« L’Art révélé » à l’intérieur des bâtiments de l’usine
Le festival ne se limite pas aux murs extérieurs. À l’intérieur des bâtiments de l’usine, vous trouverez des installations artistiques tout aussi impressionnantes. L’artiste Roomattack vous fera découvrir « L’Art Révélé », création qui risque fort de vous émerveiller. L’artiste Disek vous emmènera dans un « Graffiti Voyageur » à travers des paysages urbains imaginaires. Et en plus immersive, il y a les œuvres en réalité augmentée de l’équipe bien nommée « Peinture Augmentée ».
Plus qu’une expo, un making in
Bien plus qu’un simple événement artistique, le Festival « Peinture Fraîche » est une célébration de la créativité, de la diversité et de l’innovation. Pour les funs de street, le régal d’un concentré, et pour les néophytes, les ignares, les curieux, une initiation bienvenue.
Le street-art à Lyon, une histoire qui court
À l’occasion de ce festival exceptionnel, on peut souligner que le street-art a embrassé Lyon avec passion et une créativité hétérogène. Avant lui, il y avait un art mural très institutionnel, avec les fresques des murs peints, dans toute la ville, et notamment des œuvres phares comme le mur des Canuts et le mur des Lyonnais. Puis le « street-art », libre, sauvage, échappant à toute direction, a débordé depuis la fin du siècle dernier sur les murs des Pentes de Croix-Rousse, ceux du 7e et du 3e, dans le Vieux Lyon et sur les parapets des autoroutes périphériques.
Le festival en pratique
Ce festival est l’occasion parfaite de s’immerger dans le monde touffu et si dynamique du street-art. Rendez-vous aux usines Fagor, à Lyon du 11 octobre au 5 novembre 2023.
DATE
Du 11 octobre au 5 novembre 2023
LIEU
Anciennes Usines Fagor-Brandt 163 rue de Gerland, 69007 Lyon
Le 21 juin 1943, la Gestapo arrête Jean Moulin et 7 de ses compagnons à Caluire, près de Lyon. Suivez cette journée cruciale de la Résistance à Lyon heure par heure. Découvrez ses actrices et acteurs, ses causes et ses conséquences qui ont trait à l’unification en cours de la Résistance et à des oppositions à De Gaulle.
La porte palière du 2 de la place Raspail s’ouvre, un homme qui y occupe une chambre sous le patronyme de Marchand en sort. Sans marquer d’arrêt ni d’hésitation, alors qu’il se sait traqué, ou pour cette raison, Max, tout nouveau chef politique à la tête de la Résistance française, part à son premier rendez-vous, avec Tony De Graaf, qui a pris la tête de son secrétariat pour la zone sud, depuis le départ de Daniel Cordier pour Paris.
Avec Tony De Graaf, vers 10 heures, il prépare la réunion de l’après-midi, laquelle sera fatale. Il fait beau, la ville est animée malgré l’Occupation. D’ailleurs, les uniformes grouillent.
Ensuite, il rencontre un des chefs du mouvement Combat, Henri Aubry. Comme Henri Frenay et d’autres dirigeants de la Résistance, ils ne sont pas d’accord avec le pilotage politique de celle-ci depuis Londres, pilotage représenté par Moulin, qui il n’y a pas un mois, le 27 mai, est devenu le 1er président du Conseil National de la Résistance, instance imaginée par De Gaulle pour le légitimer en tant que chef de la France Libre, face au général Giraud soutenu par les Américains. On le voit, l’unification de la Résistance est très fraîche, jusque là les mouvements étaient cloisonnés et combattaient sans coordination.
Statue de Jean Moulin devant la maison où il fut arrêté à Caluire avec ses compagnons le 21 juin 1943 — Photo Lyon Visite
Un moment crucial à Lyon pour l’organisation de la Résistance française
Il y a 12 jours, le général Delestraint, commandant l’Armée Secrète (A.S.) a été arrêté à Paris. En février, le chef lyonnais de cette même A.S. avait été arrêté. Le 15 juin, il y a 6 jours, Jean Moulin conclut sa dernière lettre à De Gaulle, par ces mots : « C’est l’A.S. qu’il faut sauver. Je vous en supplie, mon Général, faites ce que j’ai l’honneur de vous demander » C’est dans ce contexte très difficile qu’il faut situer cette journée du 21 juin.
Après cette rencontre avec Henri Aubry, Jean Moulin a un entretien avec Gaston Deferre
Pour se rendre à son dernier rendez-vous, il va prendre à Croix-Paquet, en bas des pentes de Croix-Rousse, l’un de ces funiculaires que les Lyonnais surnomment « ficelles ». L’autre extrémité de cette ficelle arrive à proximité du Gros Caillou, cet emblème du quartier. Jean Moulin prend en face le tramway 33 pour Caluire (ce tramway comme tous les autres de Lyon n’existent plus depuis longtemps, il a été supprimé en 1947).
Ce dernier changement en tant qu’homme libre est marqué par une plaque au croisement de la rue Vaucanson et du boulevard de Croix-Rousse.
Plaque mémorielle à l’emplacement du terminus du funiculaire en 1943, croisement rue Vaucanson et boulevard de la Croix-Rousse —Photo Lyon Visite
La réunion secrète de la Résistance autour de Jean Moulin ne l’était pas pour la Gestapo
La réunion où il se rend est normalement ultra-secrète, rassemblant le gratin de la Résistance pour désigner le nouveau patron de l’Armée Secrète, remplaçant le Général Delestraint. Mais la Gestapo est au courant, aujourd’hui encore on ne sait avec certitude qui a été le dénonciateur. On soupçonne l’un des participants à cette réunion, René Hardy, sans aucune preuve aujourd’hui encore. Hardy a été arrêté par les Allemands le 7 juin dans le train Lyon-Paris, à Chalon/Saône. Le 10 juin, Klaus Barbie chef de l’antenne régionale de la police de sureté allemande — le SD — « traite » Hardy et de façon inexpliquée encore aujourd’hui le relâche. Mais le 21 juin, Pierre de Bénouville, du comité directeur des Mouvements Unis de la Résistance (MUR), commet une incompréhensible erreur de sécurité en donnant l’ordre à Henri Aubry d’inviter René Hardy à la fatale réunion de l’après-midi. Apparemment, il aurait compté sur les qualités de débatteur de Hardy pour contrecarrer le poids politique de Jean Moulin dans la nomination du nouveau chef de l’Armée Secrète en replacement du général Delestraint arrêté et donner un poids prépondérant au mouvement Combat. René Hardy n’était pas d’accord pour participer à cette réunion, Henri Aubry a dû insister. Après l’arrestation de Jean Moulin et de ses camarades et après la guerre, René Hardy sera mis en cause à la Libération puis acquitté deux fois dans cette histoire. Mais la controverse quant à son rôle a continué jusqu’à aujourd’hui. Elle est attisée tant par les circonstances (des rapports internes de la Gestapo retrouvés plus tard comme quoi il aurait contribué à de nombreuses arrestations et un document produit par la DST), par les témoignages et les soutiens (Frenay, de Bénouville, Albert Camus) ou les accusations (Raymond Aubrac, Edmée Delétraz résistante infiltrée dans la Gestapo) d’acteurs importants de la Résistance, que par des dimensions politiques et des luttes d’influence entre communistes, radicaux, gaullistes et démocrates-chrétiens du MRP.
Laure Moulin, grande et discrète résistante
Laure Moulin, la sœur de Jean Moulin, elle-même résistante, est présidente du deuxième procès mettant en cause Hardy, où le 8 mai 1950 ce dernier est acquitté de justesse. Laure Moulin, femme courageuse et hardie elle aussi, qui s’était déjà portée volontaire comme infirmière durant la Première Guerre mondiale est de 1940 à juillet 1943, la secrétaire de son frère à Montpellier où elle continue à enseigner, la famille a une maison non loin. Il est la personne en qui il a le plus confiance, elle code et décode les messages secrets. Elle sera même à l’occasion son agente de liaison, assurant des missions. Elle publiera la biographie de son frère en 1969.
Midi, Jean Moulin déjeune
Jean Moulin déjeune avec un résistant mis à sa disposition comme adjoint, Claude Bouchinet-Serreulles, qui vient d’arriver de Londres. Puis il retrouve son secrétaire De Graaf et l’envoie conduire l’un des participants de la réunion secrète, membre du mouvement lyonnais « France d’abord » au Gros Caillou, au terminus du funiculaire, sans lui communiquer l’adresse finale.
13 h 30, À plusieurs cheveux près, l’arrestation aurait pu être évitée
Un autre membre de « France d’abord », le colonel Lacaze, va bientôt se diriger vers Caluire, où Bruno Larat le chef des parachutages de la Résistance l’a convié à cette réunion, et où il sera lui aussi arrêté. Des contacts de Lacaze l’ont prévenu : la Gestapo s’apprête à quelque chose de très important à Lyon contre la Résistance. Alors, hier, le colonel Lacaze a essayé de dissuader Larat du montage de cette réunion qui va regrouper presque une dizaine d’hommes. Et ce matin, il a envoyé sa fille Odile prévenir qu’il n’irait pas à ce rendez-vous. Mais il change d’avis, il y va… plus tôt, en avance d’une heure. Le rendez-vous est à 14 h 30. Sur place, les choses ont l’air normales.
Maison du docteur Dugoujon à Caluire où ont été arrêté Jean Moulin et ses compagnons – Photo 2015, Lyon Visite
La domestique du docteur introduit les invités à la réunion à mesure de leur arrivée. Donc d’abord le colonel. Au 1er étage.
Ensuite André Lassagne, ami du docteur, enseignant d’italien au lycée du Parc où il prépare l’agrégation. C’est lui qui a proposé ce lieu de réunion. Il est accompagné de Henri Aubry qu’il est allé chercher au Gros Caillou, à l’arrivée de la ficelle… et où il a découvert l’invité non prévu René Hardy.
14 h 30, ils étaient filés
Les trois hommes sont introduits dans la maison par la domestique.
Ils ont été filés, sans évidemment le savoir. Par Edmée Delétraz. Elle est résistante, mais forcée après une arrestation de collaborer avec un agent de l’Abwher, service de renseignement de l’armée allemande, et avec la Gestapo. On lui a donné l’ordre de suivre Hardy, en l’informant que celui-ci était un prisonnier retourné, Hardy le niera toujours. Edmée Delétraz a informé le matin même la Résistance qu’une importante et proche réunion secrète était dans le viseur des Allemands. Mais ses interlocuteurs ne peuvent absolument pas intervenir, le principe du secret faisant qu’ils ne sont évidemment pas au courant de la réunion de Caluire et de ses participants.
Lacaze, Lassagne, Hardy et Aubry sont rejoints au 1er étage de la maison du docteur par Larat, qui arrive seul. Il manque encore trois hommes pour que commence la réunion. Mais elle ne commencera jamais.
15 h, l’arrestation
Jean Moulin, Raymond Aubrac et Émile Schwartzfeld arrivent par le tram 33, en retard. Raymond Aubrac est un des responsables du mouvement Libération. Émile Schwartzfeld, que Jean Moulin espère voir remplacer Delestraint, est le chef de « France d’abord ». La domestique ne les conduit pas au 1er étage, mais dans la salle d’attente du cabinet. Il y a d’autres patients dans la pièce qui attendent. Quelques minutes passent. Une quinzaine…
Deux « Traction », le modèle mythique de Citroën, tellement associé au maquis et à la Résistance, stoppent sur la place. Mais elles ne sont pas occupées par des résistants. Ce sont 7 8 Allemands, armés. Le docteur qui est en consultation les aperçoit depuis sa fenêtre. Ils foncent sur lui. Aucune échappatoire n’est possible, ni pour Moulin, Aubrac et Schwartzfeld dans la salle d’attente, ni pour Lacaze, Lassagne, Hardy, Aubry et Larat à l’étage, dans la pièce où devait avoir lieu la réunion.
C’est là qu’un Allemand apostrophe Aubry, tout en lui donnant des coups, il lui dit qu’il l’a vu sur la veille sur le pont Morand. Aubry aussi était filé. Les Allemands cognent violemment aussi Lassagne. Puis ils chargent tout le monde dans les Traction, ainsi que 2 patientes qui étaient là.
Mais, coup de théâtre : René Hardy se libère de ses entraves aux poignets et s’enfuit. Les Allemands lui tirent dessus, mais ils le ratent. À la surprise plus tard de la domestique du docteur, qui se souviendra combien les soldats étaient proches de Hardy quand ils lui tiraient dessus. Comment ont-ils pu le rater et le blesser seulement à un bras ?
Plus tard, Klaus Barbie dira que les menottes de Hardy étaient truquées… et que sa trahison a eu beaucoup d’importance pour le camp allemand. Cependant Hardy s’en défendra toujours.
Conséquences et causes de l’arrestation de Jean Moulin
L’arrestation de Jean Moulin, représentant de De Gaulle, ainsi des ses compagnons a eu des conséquences graves quant à l’organisation du combat contre les occupants, et plus encore à un très haut niveau politique alors que le Général de Gaulle essayait de s’imposer auprès des Alliés comme chef de la France libre. La lutte de pouvoir entre les différents partis et mouvements résistants pour l’unification et le contrôle de la Résistance en France va durer jusqu’à la fin de 1943. Peut-on considérer que Jean Moulin a été également victime — en plus de l’occupant — de ces dissensions ? Indirectement, il semble bien. Il avait été nommé pour y mettre fin, unifier, et avait une magnifique première réussite à son actif, la mise en place du Conseil National de la Résistance, le fameux CNR, dont on parle toujours aujourd’hui. Jean Moulin est conduit à la prison Montluc (dont nous vous conseillons très vivement la visite) avec ses camarades. Il sera torturé par Klaus Barbie à l’École de Santé militaire (où sont installés aujourd’hui le CHRD et Sciences Po. Il n’avoue rien. Il essaie de se suicider plusieurs fois, Klaus Barbie attribuera ses blessures à ses tentatives, niant qu’il s’agisse des tortures qu’il a pratiquées sur le chef de la Résistance, ceci malgré les preuves. Arrêté brièvement en 1940, Jean Moulin avait déjà fait une tentative en se tranchant le cou. Il est ensuite emmené à la Gestapo à Paris. Il serait officiellement décédé le 8 juillet 1943, à Metz, dans un train vers Berlin. Le 9, le corps d’un Français qui serait Jean Moulin est ramené à Paris, incinéré, ses cendres déposées au Père-Lachaise. Puis, en 1964, avec l’un des plus grands discours de l’histoire de France par André Malraux, au Panthéon.
Gilles Bertin, 18 juin 2023
Visite guidée Lyon et la Résistance
Avec cette visite, vous comprendrez en quoi Lyon est devenue la « capitale de la résistance » pendant la seconde guerre mondiale. Elle est assurée par l’un de nos guides conférenciers. En savoir plus
Demande d’information et de devis « Lyon et la Résistance »
Nota : cette page, synthèse de différentes sources citées ci-dessous, tente de reconstituer au mieux la journée du 21 juin 1943 et ce qui a conduit à l’arrestation de Jean Moulin. Cette histoire, complexe, avec de grandes zones d’ombres aujourd’hui encore, peut comporter d’involontaires erreurs. Si c’était le cas, merci de nous les signaler.
La visite de cette exposition au Musée de l’Imprimerie (très frais et sans besoin de climatisation) est un parcours quasi régressif, un bon vieux coup de nostalgie en constatant à quel point les icônes graphiques des premiers ordinateurs des années 80 nous ont tous marqués plus que nous n’aurions pu l’imaginer. L’artiste Susan Kare a créé un nouveau langage à base d’icônes et de typo, elle a mis de l’émotion là où il y avait du code informatique, elle a rendu les machines aussi familières que les livres.
Susan Kare et Steve Jobs
Steve Jobs avait 16 ans quand en 1971 Julien Clerc chantait « La Californie, la Californie… », où est en train de naître la micro-informatique . Le chanteur au célèbre vibrato aurait pu ajouter ajouter à sa chanson quelques années plus tard, «La Californie, la calligraphie »… Lors de ses études à la très sélective et très coûteuse Reed College, université d’arts libéraux de Portland, le jeune Steve abandonne en effet les ennuyeux cours auxquels il est inscrit et pour lesquels ses parents adoptifs paient une coquette somme et s’inscrit en auditeur libre à d’autres plus à son goût, et en cachette d’eux. Parmi ces cours, il choisit un enseignement de calligraphie. Ce choix et la connaissance qu’il va acquérir de la calligraphie, cet art de bien former les lettres à la plume, auront un impact majeur sur ce que seront deux créations sorties de son cerveau : le MacIntosh et l’iPad.
Pour donner vie à leurs écrans, les rendre empathiques et familiers aux humains qui les vont les utiliser, il recrute en 1982 l’artiste graphique Susan Kare. Les icônes et les émoticônes créées par Susan Kare pour Apple, et pour d’autres entreprises informatiques, font l’objet d’une exposition jusqu’au 18 septembre 2022 au musée de l’imprimerie à Lyon.
La première image que l’on voyait en allumant un Macintosh en 1984, celle d’une icône d’un ordinateur souriant imaginé par Susan Kare pour rassurer la personne devant l’écran sur la capacité de la machine à entrer en contact avec elle.
Ces créations graphiques de Susan Kare sont passées dans la culture populaire de millions, voire de centaines de millions de personnes. La visite de cette exposition est un parcours quasi régressif, un bon vieux coup de nostalgie en constatant à quel point tout cela nous a marqué plus que nous n’aurions pu l’imaginer, une occasion de nous émerveiller du pouvoir créatif de certaines personnes, et de l’importance dans nos vies de la typographie. Susan Kare a mis de l’émotion là où il y avait du code informatique, a rendu les machines aussi familières que les livres.
Rendre familière la machine
Le message de bienvenue imaginé par Susan Kare pour accueillir les utilisateurs à l’allumage de l’ordinateur Macintosh.
Le travail de Susan Kare était d’humaniser la machine. De la rendre familière, facile, sympathique. On parle d’ergonomie. Mais on parle aussi de graphisme. De typographie. Susan Kare avait un solide parcours artistique, un doctorat de l’université de New-York en 1978. Elle a déjà travaillé au musée des Beaux-Arts de San-Francisco. Chez Apple, elle intègre l’équipe qui crée le futur Mac, machine qui sera une petite grosse révolution en matière de micro-informatique. Tout est à créer. Elle dessine les polices de caractères de l’ordinateur, Chicago, Geneva, Monaco, c’est elle. Pour la police Cairo, elle invente un caractère qui devient mythique, le Dogcow, une chimère que n’aurait pas renié Jorge Luis Borges, l’écrivain argentin, auteur du Livre des êtres imaginaires. En réalité, il s’agissait au départ d’un petit chien tacheté utilisé pour symboliser l’orientation des impressions. Mais il était si petit sur les aperçus qu’un développeur qui harcelait l’un de ses collègues, ne sachant si c’était un chien ou une vache, se vit répondre qu’il s’agissait des deux, un chein-vache. Et cela devint une blague dans le monde des geeks Apple.
La fameuse poubelle apparaît sur le 1er Mac, créée par Susan Kare.
Susan Kare invente un tas d’icônes qui existent toujours aujourd’hui. La fameuse poubelle. Le lasso pour capturer des zones à l’écran. Car le Mac invente rien moins que le pointer-et-cliquer. Plus exactement met dans les mains du grand public des inventions faites au PARC, le Palto-Alto Research Center, un labo de Xerox, une entreprise qui avait fait fortune grâce à ses brevets sur le photocopieur. Mais Xerox ne faisait rien de ces inventions. Un jour, un certain Steve Jobs avait visité ce labo et découvert l’existence de ces concepts graphiques autour des pixels… qu’il allait mettre en œuvre avec l’aide de talents comme Susan Kare. Elle travaille aussi sur l’iPod, qui lui aussi a marqué une génération.
Jobs avant 30 ansJobs à 56 ansSteve Jobs dessiné par Susan Kare à 36 ans d’écart
Après Apple
Susan Kare a travaillé ensuite pour Microsoft, Facebook, IBM, Pinterest. Elle dessine par exemple dans le système OS/2 pour IBM un jeu de cartes bien connu de tous maintenant, le solitaire. Elle est toujours en activité aujourd’hui. Reconnue pour avoir inventé un art digital, elle a reçu des distinctions, ses travaux sont imprimés par le magasin du MoMA.
L’as de pique du Solitaire dessiné pour IBM, toujours dans le but d’humaniser la machine.
L’artiste activiste héroïque Oksana Chatchko
Si l’expo présente majoritairement le travail de Susan Kare, plusieurs autres salles sont consacrées à l’évolution des icônes dans le monde numériques avec d’autres designers digitaux. L’exposition s’arrête très très notamment sur le parcours singulier, talentueux, héroïque, passionnant et tragique d’Oksana Chatchko.
Oksana Chatchko le 8 mars 2009 – Source Wiki CC BY-SA 2.0 par xvire1969
Et nous fait découvrir cette personne extraordinaire. Artiste,anarchiste ukrainienne, fondatrice du mouvement des Femen. Influencée par l’art des icônes religieuses, elle les détourne politiquement en anti-icônes, contre les formes du totalitarisme. Elle se suicide à 31 ans.
L’expo au Musée de l’imprimerie à Lyon
Exposition jusqu’au 18 septembre 2022
Musée de l’imprimerie, 13 Rue de la Poulaillerie (rien que le nom est un voyage dans le Lyon du temps des premiers imprimeurs)
Plein tarif 6€, réduit 4€
Du mercredi au dimanche de 10h30 à 18h
Last but not least : IL Y FAIT TRÈS FRAIS !
La cour Renaissance du Musée de l’imprimerie à Lyon
Bourgogne sud : Tournus, presque homonyme de Tournon, est trop loin, à 106km du centre de Lyon. Mais on peut faire une jolie balade dans le pays de l’art roman du côté de Mâcon. Voir notre balade Art roman et balade viticole en Bourgogne du sud.
La Sucrière accueille Sebastião Salgado, un des photographes documentaristes les plus réputés au monde, connu pour ses photos N&B au rendu extraordinaire, ses sujets humanistes et naturalistes. Cette exposition « Genesis » présente 8 années d’exploration des sanctuaires restants de la nature et de visite des dernières tribus ancestrales de notre planète. Prévoyez des masques à oxygène, cette expo coupe le souffle.
De la belle photo ! De l’extraordinairement belle photo ! C’est ce que fait le mondialement réputé photographe Sebastião Salgado. Et qui plus est une photo des plus beaux sujets qui restent à voir sur cette Terre avant qu’ils disparaissent, engloutis par les dégâts et l’avancée de la civilisation techno. Ou bien en photographiant somptueusement la misère de son pays, le Brésil.
Photo Sebastião Salgado — Manchots à jugulaire sur un iceberg. Îles Sandwich du Sud. 2009.
Une photo si belle que certains lui reprochent cette esthétisation qui pourrait laisser entendre que la situation n’est pas si dangereuse au vu de ces somptueux spectacles d’une nature magnifiée. Ou bien de rendre belle et d’exploiter commercialement la misère la plus noire. Ce qui serait d’autant plus curieux que Sebastião Salgado a d’abord été un militant communiste chassé en 1969 de son pays par la dictature, où il ne pourra revenir que 10 ans plus tard.
Pour vous faire votre opinion à vous, rendez-vous à La Sucrière jusqu’au 10 mai 2020 pour voir de vos yeux cette exceptionnelle exposition photographique de Sebastião Salgado, dont la beauté prend à la gorge.
Des lieux rares et un long travail d’identification des sujets en amont
L’exposition Genesis est en 5 parties qui couvrent respectivement l’Antarctique ; le cercle Arctique ; les derniers sanctuaires ancestraux de tribus, d’animaux, de plantes, en Papouasie, à Sumatra, Madagascar ; et enfin l’Amazonie.
Photo Sebastião Salgado — Nord de l’Ob. Cercle arctique, péninsule de Yamal. Sibérie. Russie. 2011.
Ces lieux extraordinaires qu’il nous montre ont d’abord été pourchassés par des détectives. Ceux de l’agence Amazonas Images qu’il a créée avec Lélia Sabago, son épouse, en 1994, après avoir travaillé pour Sygma, Gamma, Magnum. Ceux aussi d’experts et l’aide de l’UNESCO. Une enquête de trois ans.
Ce travail d’identification est dirigé évidemment vers les sujets qui lui sont chers, la beauté de la nature et la condition des gens pauvres de son pays. Il est né dans une ferme au Brésil, dans une fratrie de huit enfants.
Les photos de cette exposition Genesis ont été prises sur une durée de 8 années, à partir de 2004, en commençant par les Galapagos, durant une trentaine de voyages.
Photo Sebastião Salgado — Les femmes mursi et surma sont les dernières femmes à plateaux au monde. Village mursi de Dargui. Parc national de Mago, près de Jinka. Éthiopie. 2007.
Le velours de l’argentique, la glose serrée du noir et blanc
Le secret de la fabuleuse et de l’unique beauté des clichés de Sebastião Salgado réside dans des choix assumés et à rebours de ce que l’on pourrait attendre d’un photographe du début du 21ème siècle et de nature.
Photo Sebastião Salgado — Parc national de Kafue, Zambie. 2010.
Le choix du noir et blanc
Cela pourrait paraître contreproductif de ne pas choisir la couleur pour photographier les plus beaux sites naturels qui soient. Pourtant, les pros le savent le noir et blanc a bien des avantages.
D’abord, il apporte une lecture plus simple de la photo, plus « droit au but ». Ceci en guidant l’œil dans son interprétation de l’intérêt de la scène prise. En effet, en noir et blanc, tout se lit plus facilement dans un cliché, lignes de fuite, reliefs, formes, perspectives, jeux des lumières. Et Sebastião Salgado sait particulièrement jouer de ces lumières, à la manière d’un Caravage ou d’un De la Tour.
Par contre, le noir et blanc nécessite une sacrée technique et expérience. On n’en devient pas un champion en quelques semaines.
Photo Sebastião Salgado — Grandes dunes entre Albrg et Tin Merzouga, Tadrart. Sud de Djanet. Algérie
Le choix de l’argentique
Il travaille au moyen format Pentax 645, un appareil Reflex argentique doté d’un capteur deux fois et demi plus grand que le bon vieux 24×36… et ne parlons pas des capteurs de nos smartphones : le rapport est de plusieurs dizaines de fois plus grand. Et à la pellicule Kodak Tri-X ou T-Max P3200.
Le résultat est un rendu extraordinaire. On parle d’ailleurs du « mode Salgado » et il est connu pour sa technique qui optimise les gammes tonales et le dynamisme de l’image. Ainsi, on trouve sur le net des tutos intitulés « Joue-la comme Salgado ! »
Photo Sebastião Salgado — Des Indiens waura pêchenr dans le lac de Piyulaga. État du Mato Grosso. Brésil. 2005.
Un bio photographe planteur d’arbres
Âgé aujourd’hui de 76 ans, il a fait des études en économie agricole et a travaillé pour la FAO avant de soudain passer derrière l’appareil photo en 1973. Cette sensibilité à la terre, à l’environnement, il en a fait un cheval de bataille non seulement dans le choix de ces sujets, mais aussi d’un engagement terrain. Il a créé une ONG de reforestation en 1998 qui a replanté plus de 2 millions d’arbres sur des milliers d’hectares. Et il a du pain sur la planche devant lui avec l’orientation politique actuelle de son pays. Son ONG travaille aussi sur l’eau, sur des programmes de formation. D’ailleurs, vous trouverez aussi la description de cela dans l’exposition Genesis.
En plus d’être une ode à la nature, Genesis est aussi un appel aux armes. Nous ne pouvons pas continuer de polluer le sol, l’eau et l’air.
Jalb38 scotche des grafs détachables sur les murs des pentes de Croix-Rousse. Autrement dit, toi le passant tu peux repartir dans ton F5 ou ton studio avec l’une de ses œuvres. Sa démarche court-circuite le circuit habituel de l’Art davantage encore que le street-art himself.
Jalb38 scotche des grafs détachables sur les murs des pentes de Croix-Rousse. Autrement dit, toi le passant tu peux repartir dans ton F5 ou ton studio avec l’une de ses œuvres. Jalb est un street-artiste atypique, un rural qui pratique plutôt un « Campagn’art ». Sa démarche court-circuite le circuit habituel de l’ « Art » davantage encore que le street-art himself.
Son baptême street-art, Jérôme Albertin, artiste, prof et frais quinqua, l’a reçu banette à la main, sortant de sa boulangerie, le 15 août 2018. Sur le mur d’en face, lunettes sur la tête, un portrait au pochoir de Walter White, le méchant de Breaking Bad. Le choc, le bouleversement lui tombent dessus. En trois secondes, il saute du cheval de trait du dessin classique sur le bronco du street. « Voilà quelqu’un qui se fait pas chier, se dit-il sobrement alors à propos de l’auteur du pochoir. Plutôt que d’attendre la possibilité hypothétique d’exposer, il le fait. » La frustration du long temps entre les expos, Jérôme Albertin connaît bien, surtout dans sa campagne avec une seule galerie où il doit tout de même espacer ses apparitions.
Bob Marley, le premier portrait au pochoir de Jalb en 2018 écoulé à plusieurs dizaines d’exemplaires autour de Crémieu.
Jalb a repris son Bob Marley à de nombreuses occasions, y compris à l’acrylique.
Il rentre comme un fou chez lui avec l’irrépressible désir de faire pareil. Ce sera le portrait de Bob Marley. Il taille son premier pochoir. Il a fait refaire son carrelage voici peu et il a plein de morceaux de cartons 40 par 40 idéaux pour mener ses essais et valider sa première créa. Mais le prof et le quinqua au moment d’aller bomber in the street, auf der Straße, on the wall, dans la rue, se rebellent contre l’artiste.
« J’ai 52 ans passés, je me retrouve con. Et puis, ce n’est pas mon truc de dégrader. »
C’est là qu’intervient son épouse, étonnée depuis son retour de la boulangerie de le voir dans cette folie soudaine et inhabituelle, qui lui suggère d’exposer ses cartons d’essais.
Deuxième bouleversement pour Jalb !
Jusque là, il faisait du portrait au pastel gras ou sec, au crayon de couleur, et, quand il avait assez d’œuvres il faisait une expo, où, en échange d’un don à une association malgache dont il fixait le montant à ses œuvres, il donnait ses œuvres. Et voici que cette technique du carton apposé au scotch épargne dans les endroits les plus passagers de Crémieux et des environs lui permet de tout court-circuiter entre lui et ses spectateurs. C’est le scotch qui fait la différence parce qu’il se décolle « Il y a interaction : 1/ quelqu’un passe et voit mon œuvre 2/si ca l’intéresse beaucoup, il l’arrache et 3/ il peut la réutiliser chez lui… certains la recollent ailleurs, je l’ai déjà vu.» 60 cartons de Bob Marley partent aussitôt, du jamais vu pour Jalb qui n’avait jamais envisagé possible de toucher autant de monde avec son travail. « Avec le pochoir, t’as qu’à te servir, j’ai l’avantage de la reproductibilité. »
Détournement publicitaire de Jalb38. Les scotchs de fixation sont nettement visibles sur cette photo. Le support est du simple papier peint.
Sa démarche est pratiquée aussi par l’artiste parisien Alex Tréma. Dans les villes où il passe, il a commencé à New-York, il dépose 24 pièces de l’une de ses œuvres enfermées dans une pochette calque où il écrit « Take me » qu’il scotche dans les rues et les lieux publics. Seule « obligation » pour les passants qui les récupère, envoyer une photo, un poème, autre chose à Alex Tréma sur l’œuvre mise en scène dans son nouveau contexte. Comme le dit Charlélie Couture qui a offert un de ses dessins à Alex Tréma pour l’un de ses « Take me » :
L’idée étant de rompre le schéma de consommation de l’ART, comme une denrée abstraite, mais plutôt de considérer celui-ci comme un moyen de créer un lien entre les êtres.
Charlélie Couture
Hommage à Simone Veil sur l’abri bus du lotissement du château à Villemoirieu, près de chez Jalb : « Une femme déportée qui a servi son pays, l’Europe et le droit des femmes françaises ! Merci, c’est bien le minimum que l’on puisse lui dire même post mortem. »
La vie artistique de Jalb bascule. Sa vie dans le 3-8 aussi avec les autorités iséroises. Les gendarmes venus acheter leur pain dans la même boulangerie le pincent alors qu’il scotche en face. Un vrai paradoxe dans cette ville zone historique, donc sans pub. Il se contraint à ne plus utiliser que les panneaux libres. Il négocie avec les maires de Crémieux et de son village pour utiliser d’autres espaces libres. Comme les abris-bus.
Les politiques flippent quand il peint Simone Weil en réaction aux tags antisémites sur les portraits de celle-ci à Paris, par le street-artiste C215. En fait, ils ont peur des dégradations. « Au début du vingtième siècle, les murs étaient un mode d’expression majeur. D’ailleurs, l’État utilisait les murs pour sa propagande, entre autre anti-juif. Ça a disparu après la deuxième guerre, quand on a voulu faire du lisse. Mais c’est revenu, on n’a pas pu le contenir, c’est un juste rappel des origines. »
Jalb, rouleau de scotch épargne à la main, à l’un des principaux lieux d’affichage des pentes, au croisement rue Burdeau et montée de la Grande-Côte : « J’affiche en plein jour. Je dis aux gens qu’ils peuvent se servir. Je discute avec eux. »
Jalb franchit le boulevard Laurent Bonnevay quelques mois plus tard pour se lancer à l’assaut des pentes de Croix-Rousse, l’eldorado rhônalpin du street-art. Il se sent timide alors, complexé face aux signatures lyonnaises prestigieuses. Mais il font connaissance. Sa démarche détonne. Lui affiche à vue, en plein jour, discute avec les passants.
Mais, relativise Jalb, « Je suis un artiste de pacotille. J’ai une situation confortable, je fais de l’élaboré. » Il veut disant cela parler de sa démarche d’artiste réalisant l’essentiel de son travail en atelier. Il lui est arrivé de créer une Frida Kahlo façon Vermeer, avec 15 couleurs, une gageure par rapport aux pochoiristes qui bombent dans la rue.
15 couleurs différentes pur ce Frida Kahlo en jeune fille à la perle, un pochoir sophistiqué de Jalb38.
Puis il découvre Instagram en 2019. Ce qui lui permet de contempler ses œuvres accrochées chez les gens, qui lui en envoient des photos dans leur appartement.
Depuis le 15 août 2018, son circuit artistique s’est considérablement raccourci, comme un maraîcher rejoignant une AMAP, du producteur au consommateur, du champ à la cuisine. Il n’était pas du tout préparé à ça, il n’a aucune formation artistique. Initialement, il a appris le dessin technique industriel au Rötring, à l’encre du Chine et à la mine 5H, ce qui lui a appris la rigueur. Il a fait de l’art en marge de sa carrière de prof, du dessin et des expos, jusqu’à tourner en rond, jusqu’à cette Assomption du 15 août, quand les portes automatiques de sa boulangerie se sont ouvertes sur un nouveau monde. Et c’est un avantage artistique, il débarque novice dans ce milieu à forte culture. Sa toute première influence lyonnaise sera le pochoiriste @by_dav_ l’auteur des gélules de Prozac moulées en plâtre sur les murs sous-titrées du slogan ironique « Are you ready to be happy ». La démarche de Jalb est-elle aussi marquée par la politique, « citoyenne », revendique-t-il, « C’est un exutoire, c’est ce qui me motive le plus. »
Jalb38
Jalb détourne des pubs, comme ce Just Eat qui l’a scandalisé. Surtout, son goût ancien du portrait se manifeste pleinement dans les figures écologistes et humanistes qu’il appose, juxtapose, transpose en planches épurées, en galeries mondialistes, en manifestes.
Gretha Thunberg par Jalb38
Sa simplicité apparente frappe souvent à l’essence et c’est elle qu’on emporte avec l’une de ses affiches pour la recoller chez soi, comme ce pur Gretha Thunberg ou ce Mandela dont chaque ride est un sillon, un fleuve, un rire, ou encore cette pochette de Number of the beast d’Iron Maiden.
Évocation par Jalb38de selon ses mots « l’une des meilleures pochette de 33t des années 80 : Number of the beast de Iron Maiden illustré par Derek Riggs«
Dix-huit mois après sa conversion, Jalb est un artiste heureux. Et pas que. « J’ai complètement changé de vie. Pas seulement artistiquement. En terme d’élan. J’ai tout un territoire à explorer. » Il travaillait lorsque je l’ai interviewé sur un pochoir à partir d’un extrait d’une photo d’ours du célèbre photographe animalier Paul Nicklen, que depuis il a fini pour le bonheur de ceux qui l’emporteront chez eux.
Depuis janvier 2020, écriture de ce portrait de lui, @Jalb38 a poursuivi l’affichage de son abondante œuvre sur les murs de Lyon, entre autres, parfois en réaction immédiate à l’actualité, comme cet hommage à Robert Badinter paru le 15 février 2024 rue des Pierres Plantées, moins d’une semaine après la mort de l’ancien ministre de la justice de François Mitterrand, auteur de la loi d’abolition de la peine de mort, décédé le 9 février, 81 ans exactement après la rafle de la rue Sainte-Catherine à Lyon, le 9 février 1943, où fut déporté Simon Badinter, son père, déporté et assassiné au Centre d’extermination de Sobibór. Jalb aime rendre hommage aux belles figures humaines.
Gilles Bertin
Jalb38, pochoir à partir d’un extrait d’une photo de Paul Nicklen, pochoir qui est un aussi un hommage au street-artiste C215, engagé et doué pour représenter les bêtes à poils.
Photos : Toutes les photos de cette page sont de Jalb38, avec son autorisation, y compris la photo en haut de page de l’une de ses œuvres de mise en abyme.
Magie des marionnettes, de l’animation, du théâtre et du conte. Un festival pour les petits, voire les tout-petits, à partir de 3 ans ! Un festival qui en est à sa 23ème édition ! Espace Tonkin à Villeurbanne. Du 22 janvier au 15 février.
Magie des marionnettes, de l’animation, du théâtre et du conte. Un festival pour les petits, voire les tout-petits, à partir de 2 ans ! Un festival qui en est à sa 23ème édition ! Un festival sans écrans. Espace Tonkin à Villeurbanne. Du 22 janvier au 15 février.
Teaser du festival Têtes de bois 2020
Les spectacles sont inspirés par Le Petit Prince, par Prévert, par un grand-père à barbe, par Chagall. Les compagnies s’appellent « Drolatic », « La boîte à trucs », « Haut les mains », « Mercimonchou », « Docteur Troll »… tout un programme, déjà.
Un balcon entre ciel et terre — Compagnie Mercimonchou
Les marionnettes sont des projections de nous-mêmes qui nous entraînent très loin. Elles sont des médiateurs qui peuvent tout se permettre, au-delà des conventions. Elles sont aussi capables de toutes les métamorphoses et nourrissent notre imaginaire.
Grains de Sel, mensuel lyonnais des familles, en 2013
C’est que, s’il s’agit de spectacles pour les petits, ils abordent des grands sujets de la vie. Quelles sont nos origines à chacun ? Comment vivre avec les autres ? Le besoin de l’eau pour la vie. Le besoin de rêver pour grandir. Le besoin d’avoir des saltimbanques, des créateurs et des animateurs de marionnettes, comme il y eut à Lyon, Laurent Mourguet, l’inventeur de Guignol, raconté par l’écrivain Paul Fournel dans son dernier livre, Faire Guignol.
Rendez-vous avec les marionnettes, Espace Tonkin, à Villeurbanne, pour rêver et grandir ensemble.
Espace Tonkin, avenue Salvador Allende, 69100 Villeurbanne — 04 78 93 11 38 Du 22 Janvier au 15 février 2020 Tarif : 7€
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