Sandrillon, pudique photographe de Lyon

Chez Sandrillon, c’était compliqué pour se laver. Un rai rouge sous la porte de la salle d’eau barrait l’entrée. Des odeurs vinaigrées de révélateur et de fixateur fuitaient dans l’appartement. Ilford, Fuji, Kodak. Ses parents s’y livraient à d’obscurs travaux inactiniques. Trente ans plus tard, ils ignorent que leur fille est la tenancière d’un des meilleurs blogs photo sur Lyon. Elle n’a pas éprouvé le besoin de leur dire. Pas encore. Même le jour où ils ont feuilleté chez elle un livre tiré de ce blog. Sandrillon ne veut pas être reconnue pour elle, mais que ses travaux le soient. Telle est sa quête.

Sandrillon, selfie dans un ascenseur de la Part-Dieu
Sandrillon par Sandrillon, dans un ascenseur de la Part-Dieu

« Il n’y a rien de faux dans mes photos », dit-elle touillant ses longs cheveux châtain clair, ses yeux dans le ciel de Bellecour, cherchant à être au plus près de ce qu’elle veut dire. « S’il y a un fil électrique dans le paysage, je le laisse, ou je m’arrange pour cadrer autrement. Je cherche ce que les gens pourraient voir. Ce que je reproche aux photographes sur le web, c’est leurs photos ultra photoshopées. » Sous sa crinière lionnesque, dans ses yeux frères Lumière, Sandrillon est d’une exigence de luthière. Elle n’est pas une grande technicienne, ce qui l’intéresse sur le terrain est le sujet, lequel est aussi imprévisible que le vent.

Basilique de Fourvière et Tribunal depuis la Saône, sous la passerelle du Palais de justice — Photo Sandrillon
Basilique de Fourvière et ancien Palais de justice depuis la Saône, sous la passerelle du Palais de justice — Photo Sandrillon

Un jour, dépitée d’un reportage à Croix-Rousse qui n’a rien donné, frustrée, alors qu’elle récupère sa voiture devant l’immeuble aux 365 fenêtres qu’elle rêve de photographier, un habitant l’y fait entrer et elle tombe amoureuse de l’escalier, ce sera son sujet. Idem de l’escalier de la petite rue des Feuillants. Une autre fois, ce sont les dessous des ponts sur le Rhône, un kaléidoscope de dessous de tabliers dans la ville des chefs cuistots.

Adolescente, elle a appris l’argentique, mais s’en est détournée lorsqu’elle a découvert la vidéo, « C’était plus rigolo quand l’image bougeait. » Elle est pro là-dedans mais ne m’en dit pas davantage, à son emploi non plus on ne sait pas qu’elle édite un super blog. Quand l’une de ses collègues tombe sur un autoportrait que pour une fois elle avait publié, celle là s’étonne, « Sandrine, c’est toi Sandrillon ! J’ai lu plein d’articles sur ton blog, j’aurais jamais imaginé que c’était toi. » 

L’escalier des Feuillants, 5 petite rue des Feuillants — Photo Sandrillon

Ses sujets, le grenier d’abondance, le mythique garage Citroën, l’immeuble canut Clos Perrin, l’orgue de l’Auditorium, le jardin Rosa Mir, la plus petite maison de Lyon rue Étienne Jayet, la brasserie Ninkasi, le musée de l’École dentaire, le domaine Belle Rive en face de Confluence, la nécropole de la Doua, la statue de « l’homme qui porte à Saint-Priest », la montée du Télégraphe qui longe l’Odéon avec sa vue sur les thermes romains, le bateau chapelle des mariniers, les murs peints, la Manufacture des Tabacs, la tour du crayon de Part-Dieu, des dizaines d’expositions, dont le carnaval des animaux de la Biennale des Lions. Son reportage le plus populaire est la rivière Valserine, à l’est de Lyon, dans « une atmosphère digne des forêts druidiques et chamaniques », écrit-elle.

La Vaserine — Photo Sandrillon

Longtemps, Sandrine s’est tenue loin de la photo, déçue par les premières générations d’appareils photo numérique, loin du rendu argentique. Mais survient un déclencheur. Le concours du cimetière de Loyasse qui fêtait ses cent ans. Tôt un matin, elle va se balader entre les tombes, avec un compact à trois francs six sous. Sa photo est sélectionnée. Les organisateurs la lui réclament en grand, pour les panneaux municipaux. Mais elle n’a qu’un fichier de qualité limitée, il faudrait refaire la photo avec un meilleur appareil. Elle se retire du concours. Ils insistent, ils ont un logiciel qui sait agrandir les images sans les détruire. Le résultat lui plaît, sa confiance revient.

Elle se remet à la photo. En dehors de son job. Elle crée ce blog, « Sandrillon in Lyon ». Au nom explicite, elle parler de son terrain de jeu photographique. Se paie des appareils. Un gros, un moyen, un petit toujours avec elle. Sans encore le savoir, elle vient d’entrer en addiction. Ce blog se met à jalonner sa vie, une auto-obligation de publier alors qu’elle n’en retire aucune reconnaissance majeure. Parfois Sandrillon se demande pourquoi tout ça. Quel sens ? Chaque billet est un gros travail. Reportage, éditing, rédaction. Fait-elle de la photo pour ce blog, ou ce blog pour faire de la photo ? La réponse est peut-être en forme de lieu secret.

Projet « Confidences », un des 38 lieux secrets — Photo Sandrillon

« Accepteriez-vous de me faire découvrir votre lieu secret dans Lyon ? » demande-t-elle un jour à tous ses amis. Trente-huit acceptent. La règle : qu’ils ne lui en disent rien avant. Chacun lui donnera un rendez-vous en un point neutre et l’y emmènera, elle n’en saura pas plus et la localisation du lieu ne sera pas révélée dans son reportage. Ce projet lui prend six mois. Ce seront trente-huit découvertes. Un ancien hôtel du XIXème qui tombe en ruine, en plein centre ville. Des endroits retirés, certains abandonnés. Ou au contraire très connus, au théâtre romain de Fourvière, au parc de la Tête d’Or. Trente-huit portraits et récits de leur rencontre avec Sandrillon. Elle appelle ce projet « Confidences ».

Sandrillon en son lieu secret — Photo Florence

Son lieu secret, où elle se fait à son tour photographier par une amie devant une fresque street-art, elle vous le révèle maintenant, est en haut de l’étroite rue Joséphin Soulary, sur l’abrupt flanc de Croix-Rousse en surplomb du Rhône. Mais quand elle va mal, c’est ailleurs encore qu’elle cherche du beau, « J’adore Fourvière, son côté imposant. Elle surgit, ça me prend. » C’est sans doute pour cela qu’elle n’a pas vraiment encore réussi à photographier cette partie de Lyon comme elle le voudrait. Mais Sandrillon attend, elle a rendez-vous avec la photo, comme un destin.

Gilles Bertin


Le blog Sandrillon in Lyon : http://sandrillon-in-lyon.fr/

Toutes les photos de ce portrait sont de Sandrillon, excepté la dernière, qui est de son amie Florence. Elles sont donc leur propriété et leur utilisation est soumise à leur autorisation via le formulaire de contact de Sandrillon in Lyon.

Valérie Niquet, madame Saint-Exupérires, crieuse publique de vérité et de Croix-Rousse

Valérie Niquet est crieuse publique. Comédienne. Chanteuse. Et ce n’est pas tout, elle a les yeux caramel. Deux billes claires qui s’attachent à vous… Lire la suite

Une femme dans le public lui tend un billet écrit à l’encre bleue.

« Mon bel amour Tshiteya, je t’attends à Dijon pour faire un petit tour de manège, mais dépêches-toi car Mme Bailly ferme à 19h. Codie »

lit Valérie Niquet, perchée sur son escabeau derrière son pupitre, son képi à treize heures. Et cette femme s’en va, s’éloigne, comme dans Orly de Brel, elle pleure à chaudes larmes. Ce papier, Valérie l’a encore sur son frigo, des années après, accroché à un magnet comme cette femme l’était à ce Codie qui lui avait écrit ce mot.

La crieuse publique bat le rappel place des Tapis, Lyon
Dimanche matin, 11 heures, place des Tapis, devant la fresque Street-art, la comédienne Valérie Niquet, crieuse publique de Croix-Rousse, bat le rappel pour la criée qui va commencer.

Valérie Niquet est crieuse publique. Comédienne. Chanteuse. Et ce n’est pas tout, elle a les yeux caramel. Deux billes claires qui s’attachent à vous, rient, s’étonnent, détonnent, questionnent, pétillonnent, chatertonnent. Qui exigent votre attention. Bas résille et mèche accroche-cœur collée au front, elle est grimée en Betty Boop dans le spectacle de théâtre musical Be Bop Boby qu’elle mène avec son complice Pascal Carré, succès depuis des années. Si bien que dans les bars de  Croix-Rousse, les gens la saluent soit d’un « Salut Betty », soit d’un « Bonjour la crieuse ». Elle leur répond d’un sciemment « la crieuse publique vous dit bonjour ». Distance indispensable pour rester l’artiste-comédienne qui le dimanche matin donne vie publiquement à leurs messages. Ainsi l’annonce du suicide d’un garçon âgé de sept ans qu’elle connaît. Défenestration. La glotte coincée. Elle est un porte-voix. Pour ceux qui n’ont pas la parole dans l’espace public. Pas celui de Facebook, mais celui où nous vivons ensemble. Les « gens » lui postent dans l’une des sept huit boîtes à lettres installées à des endroits stratégiques du quartier, commerces, bistrots, coopératives, subtil mélange de populaire et de gentrification. Croix-Rousse est pour elle un quartier de lutte, très marqué. Cette force soyeuse existe encore dans des festivals, des lieux, le street-art sur les murs des pentes et du plateau.

Valérie Niquet a pris la suite de Gérald Rigauld, comédien et artiste de rue qui, en 2004, a inventé cette fonction de créateur de lien social,  à la Croix-Rousse, dans la lignée des valeurs de ce quartier. Création à bas bruit, par le bouche à oreille dans les bistrots du coin, qui aussitôt a rencontré succès local et écho national. Chaque criée attire entre 70 et 150 personnes. Un public qui se renouvelle sans cesse autour d’un noyau de fidèles. Elle en fait ailleurs à la demande.

Les messages qu’elle reçoit à lire donnent un ampan de la diversité humaine. Comme celui-ci sans un mot, seulement un dessin, une croix gammée. Elle l’a fait défiler devant les yeux du public, sans commentaire ni jeu de comédien.

La crieuse publique, place des Tapis, Lyon
Une criée. Valérie Niquet a quitté son pupitre. De dos, le guitariste qui la ponctue

À 19 ans, à son arrivée du Jura à l’université, elle se dit, « Je serai comédienne. » La madeleine à l’origine de sa décision, ce jour-là, est remontée de son enfance, d’une institutrice qui lui faisait faire du théâtre.

Très vite, elle rentre dans une compagnie d’impro. Texte et clown. Très littéraire. Facteure de mots, comme l’était Saint-Ex, né du côté de Bellecour, d’où il s’est envolé, la cale de son Caudron monomoteur pleine de sac postaux bourrés de mots. Puis, elle embarque dans l’aventure U-Gomina, compagnie de théâtre musical créée par Ugo Ugolini qui en 84 prit Jack Lang au mot, lequel voulait propager la fête de la musique à tous les arts. Be bop Boby est un formidable tribute to Boby Lapointe, dans une ambiance férocement tendre, des pinçons de gouaille à la taille, dans le bain saumoné de l’orgue de barbak mélange de Piaf et de montagnes russes rusées comme l’était Bobby.

Valérie Niquet
Valérie Niquet

Valérie Niquet travaille aussi sans les mots. Elle fait du théâtre d’images avec des handicapés dans le groupe SIGNES, moments de création avec des acteurs extraordinaires.

Elle a trouvé à Lyon ce qu’elle voulait, du théâtre qu’elle aime, depuis 22 ans, pas besoin de Paris. Elle fait la couillonne humaniste avec du tragique,  madame Saint-Exupérires des fleurs du mal, candeur et gravité, sens aigu de l’ellipse, de l’arrêt sur image, du cabrage roue arrière, de l’alexandrin, des cocktails un tiers Racine, un tiers maquignon normand, cinq quart Valérie Niquet. Une vigueur jurassienne et une agilité de Nadia Comăneci pour durant plus d’une heure insuffler vie à chacun de ces billets. Des gens viennent la voir après, lui dire « J’ai redécouvert mon message, la façon dont tu l’as dit. » Les vieux reubeus sur les places l’appellent Général, rapport à l’uniforme de garde-champêtre qu’elle enfile pour les criées.

Plus tard, elle a revu cette femme qui lui avait tendu ce mot bleu que lui avait écrit Codie. Elle a expliqué à Valérie parlant de Codie, « Je voulais juste entendre son nom sur la place publique. »

Gilles Bertin


La crieuse publique de Croix-Rousse, une fois par mois le dimanche à 11h, place des Tapis — Programme et infos sur la page Facebook : Crieuse publique Croix Rousse.

Vous pouvez déposer vos messages dans les boîtes aux lettres situées à : L’atmo, Le bistrot fait sa broc, Le café Jutard, le café de la crèche, Le comptoir du sud, Le drôle de zèbre, La maison de l’économie solidaire, L’origo. 

La crieuse publique de Croix-Rousse - Affiche

Festival Lumière 2020

Le monstre Francis Ford Coppola est prix Lumière 2019. Découvrez le programme du festival Lumière 2019 du 12 au 20 octobre.

Le 11ième Festival Lumière est terminé. Rendez-vous à l’automne prochain pour le :

Festival Lumière 2020

Prix Lumière 2019 : Francis Ford Coppola

Francis Ford Coppola, prix Lumière 2019 — Crédits : Sofia Coppola

Le Parrain (1972) du cinéma de ces 50 dernières années, d’Apocalypse Now (1978), 2 Palmes d’Or pour ce film et Conversation secrète, 5 Oscars est le Prix Lumière 2019. Monstre sacré, scénariste, réalisateur, producteur, vigneron, il vient poser sa patte démiurgique sur un palmarès qui rassemble entre autres créatifs du 7ième art, Scorsese, Wong Kar-wai, Tarantino, Forman, Loach.

Programme 2019

Le programme dans ses grandes lignes.

  • 2 rétrospectives sur les années Warner et André Cayatte.
  • La trilogie Le Parrain sera projetée Halle Tony Garnier.
  • Un ciné concert de courts métrages de Chaplin dans la même halle, dont le fameux L’émigrant
  • La sortie en ciné concert de la copié restaurée de La roue d’Abel Gance.
  • La nouvelle sortie de la la trilogie Zombies en hommage à Georges Romero.
  • Des projections d’immenses classique, dont une copie restaurée de La grande évasion de John Sturges.
  • Des masters classes à la Comédie Odéon et la Villa Lumière.
  • Des expositions photos.
  • Quelques invités sont déjà connus, Bong Joon-Ho, Daniel Auteuil, Marina Vlady.

Téléchargez le programme complet du festival Lumière ici (plus de 50 pages).

Prix Lumière 2018 : Jane Fonda

Palmarès du Prix Lumière

Le relativement jeune Festival Lumière créé en 2009 par l’Institut Lumière a tout de suite acquis une reconnaissance importante grâce entre autres au prix Lumière décerné à une personnalité internationale du cinéma et à sa programmation autour du cinéma classique.

Clint Eastwood (2009), Milos Forman (2010), Gérard Depardieu (2011), Ken Loach (2012), Quentin Tarantino (2013), Pedro Almodóvar (2014), Martin Scorsese (2015), Catherine Deneuve (2016), Wong Kar-wai (2017), Jane Fonda (2018), Francis Ford Coppola (2019).

Programmation cinéma classique

Le festival se consacre à des œuvres anciennes à travers des rétrospectives et de grandes projections. Il a une fréquentation populaire exceptionnelle grâce à des projections durant toute sa tenue dans de très grandes salles de l’agglomération lyonnaise : la Halle Tony Garnier, l’amphithéâtre du centre de congrès à la Cité Internationale (Remise du Prix Lumière), l’Auditorium de Lyon avec des cinés concerts par l’Orchestre National de Lyon, le Théâtre des Célestins avec des master classes et bien sûr à l’Institut Lumière.

Programmation à venir (fin août).

Le Marché du Film Classique (MFC)

Pendant le festival se tient depuis 2013 et durant 3 ou 4 jours un marché du film classique unique en son genre. Réseautage entre professionnels, conférences, rencontres sur des sujets économiques, techniques ou juridiques du domaine. S’y croisent les pros du cinéma patrimonial et ils sont nombreux, des réalisateurs aux producteurs, éditeurs, diffuseurs, laboratoires aux institutionnels et détenteurs de droits.

Cette année, il rendra hommage à Criterion.

La brocante Cinéma-Photographie Lumière

Attirant beaucoup de collectionneurs et exposants français et des pays limitrophes, cette brocante ne fait pas partie officiellement du festival mais en est une manifestation périphérique passionnante avec des appareils argentiques, caméras, projecteurs, du matériel très varié (l’inventivité était foisonnante), des affiches, des films. Une autre brocante existe au même endroit au printemps. Toutes deux même si l’on est pas collectionneur donnent l’occasion de revisiter les débuts de la photographie et du cinéma.

Dates brocante Lumière automne 2019 :
samedi 19 octobre 2019 à 11h à dimanche 20 octobre 2019 19h
rue du Premier film – Lyon 8ième

L’Institut Lumière

L’Institut Lumière a été installé à Lyon sur le lieu même de l’invention en 1895 et du développement du « Cinématographe » par les frères Auguste et Louis Lumière. Le « hangar du premier film »  été restauré à côté de la (magnifique et vaste) salle de projection de l’Institut Lumière, c’est ici qu’a été tourné le premier film projeté de l’histoire du cinéma, La sortie de l’usine Lumière à Lyon. Car les frères Lumière n’ont pas été les premiers à enregistrer un film mais par contre ils ont été les premier à projeter des films devant un public, donnant naissance au cinéma que nous connaissons aujourd’hui.

L’institut Lumière L’Institut regroupe deux salles de cinéma, un musée (passionnant), un centre de doc et depuis peu une galerie photo située rue de l’Arbre Sec près de la place des Terreaux.

Bon cinéma.

Le prix de la chasse

Une œuvre street-art apparue au lendemain de la démission de Nicolas Hulot… et disparue aussi vite. Symbole de la schizophrénie de notre communauté ?

article mis à jour

Le prix de la chasse - Street-artiste inconnu - Lyon, rue Mermet, 31 août 2018

Entre la réunion chasse à l’Élysée lundi 27 après-midi, la dém’ de Hulot mardi matin en direct sur France Inter et ce vendredi soir 31 août, l’œuvre photographiée ci-dessus aura tenu au maximum deux trois jours.

Le prix de la chasse - Street-artiste inconnu - Lyon, rue Mermet, 31 août 2018

Éphémère durée symbole de la tectonique schizophrénique à l’œuvre dans notre communauté, tant au gouvernement que dans ces deux voitures stationnées, place Bellecour à Lyon, ironiquement devant la statue de Saint–Ex et une station Vélo’v, ce mercredi après-midi, deux hommes à leurs smartphones dans leurs habitacles, moteur tournant pour alimenter leurs clims.

Le prix de la chasse - Street-artiste inconnu - Lyon, rue Mermet, 31 août 2018Œuvre non signée

Cette œuvre à base de cartouches de ball-trap ce vendredi soir disparue comme le sincère ministre de la transition écologique. Vous avez remarqué­ ? Elles sont tournées vers le bas, comme le pouce de César, aux arènes.

Localisation : haut du passage Mermet, Lyon 1er

Photographies : Gilles Bertin, 31 août 2018

 

Quand Frédéric Dard, dit San Antonio, créchait à Croix-Rousse

Frédéric Dard fut un auteur immensément populaire. L’inventeur de San Antonio, fringuant commissaire et série éponyme de polars qui fut le plus grand succès populaire d’après-guerre, jusque dans les années 80. Son adjoint, Bérurier, était d’une truculence revigorante. Lequel donna son nom au groupe de punk rock Bérurier noir. Frédéric Dard racontait avoir choisi le nom de San Antonio en pointant son doigt au hasard sur la carte des États-Unis.

Or donc, Frédéric Dard, né à Saint-Chef en Isère, à côté, a passé sa jeunesse à Lyon, pratiquant comme Georges Simenon le journalisme pour apprendre son futur métier d’écrivain.

Pour lui rendre hommage, Lyon a donné son nom à un square fort joliment situé près du Gros Caillou, d’une école primaire et d’un point de vue stupéfiant sur l’est de Lyon, jusqu’aux Alpes, face aux façades ocres des rues égaillées de la Croix-Rousse.

Plaque du square Frédéric Dard pendant la fête foraine de la Vogue des marrons
Plaque du square Frédéric Dard pendant la fête foraine de la Vogue des marrons

Vous pouvez découvrir ce square en suivant notre parcours de visite des traboules de la Croix-Rousse.

Il a vécu à la Croix-Rousse de 23 à 28 ans, au 4 rue Calas.

Alain nous a écrit sur Facebook suite à ce billet :

Il a pu me voir dans mon landau, caisse à petites roues qui charriait les gones des pauvres! Dans la rue Calas se trouvait l’entrée d’un « clos » (9 peut-être),ensemble de jeux de boules à la lyonnaise et de buvettes.

Plaque au-dessus du 4, rue Calas, où vécut quelques années Frédéric Dard
Plaque au-dessus du 4, rue Calas, où vécut quelques années Frédéric Dard

En bon vivant, Frédéric Dard figure dans le mur peint des Lyonnais célèbres, dans le restaurant « Au pot Lyonnais » où officie Paul Bocuse, présenté sur le seuil de la porte. Frédéric Dard est attablé à l’intérieur, derrière la vitrine, levant un verre de beaujolais en direction des passants.

Visite guidée de Croix-Rousse avec nos guides conférenciers

Visite guidée street-art murs peints à Lyon avec nos guides conférenciers

 

Ememem mine des bitcoins de rue jusqu’à la pointe des fleuves

Ememem la joue avec des carreaux façon mosaïque, carrément carrelage, comme il y a deux mille ans, ici même, à Lugudunum et surtout à Vienne, quand la mosaïque était un art. La beauté de son travail questionne le paysage citadin.

Article mis à jour en novembre 2018,  avril et mai 2019 avec de nouvelles photos d’œuvres

Mozilla mosaïque, carrément carrelage, Ememem mine des bitcoins de rue. On avait entendu parler de lui, on avait croisé quelques unes de ses mosaïques de carreaux, incrustées entre bitume, grès et ciment, on avait apprécié, sans aller plus loin, sans aller au bout de sa piste carrelée d’éclats brisés. Mais une après-midi, disposant de deux heures et errant rue des Capucins, on est entré au 7, dans un passage qui nous attirait, qui n’est pas un passage mais une impasse, juste après Le complexe du rire. Puis nous n’avons cessé de le croiser dans Lyon, jusqu’à la pointe de Confluence, où Rhône et Saône se mêlent.

Les mosaïques street-art de Ememem jusqu’à la pointe de Confluence

Ememem a eu l’idée géniale de taguer l’un des lieux les plus symboliques de Lyon, au confluent, Là où les eaux se mêlent, pour reprendre le titre d’un poème et d’un recueil de Raymond Carver, Where water comes together with other water. Et de le faire à la toute pointe, en aval du déconstructivo-cyclopéen musée des Confluences, chargé de présenter histoire naturelle, de l’homme et des civilisations.

Des rails plongent dans l’eau à la pointe du confluent, comme si l’ancienne voie PLM s’était enfoncée là et continuait sous l’eau jusqu’à la Méditerranée. Des branchages mêlés apportés par les eaux commencent à recouvrir le pavage de cœurs d’Ememen, que des archéologues retrouveront dans quelques siècles, comme une couche de plus de cette ville entre deux eaux.

Mosaïque du street-artiste Ememem à Confluence, confluent du Rhône et de la Saône
Mosaïque du street-artiste Ememem à la pointe de Confluence, là où se mêlent Rhône et Saône, photo 10 mai 2019

Ememem, rue des Capucins, pentes de Croix-Rousse

7 rue des Capucins, Lyon
7 rue des Capucins, Lyon

Je vous en prie, allez-y, allez au 7 rue des Capucins, nom d’un ancien ordre religieux, les pentes de la colline qui travaille étaient couvertes de jardins, de vignes et de monastères au 18ième. Entrez au 7. Au fond. Ce n’est rien mais c’est beaucoup. Comme une veine aurifère. Un filon de tungstène. Un sentier vers des âmes joyeuses. Un fléchage vers un monde de gnômes et de lutins. Une électrocution sous vos semelles. Ememem !

Ememem
Ememem, 7 rue des Capucins, 6 juillet 2018
Ememem
Ememem, 7 rue des Capucins, 6 juillet 2018
Ememem, 7 rue des Capucins, 6 juillet 2018
Ememem, 7 rue des Capucins, 6 juillet 2018
Ememem, 7 rue des Capucins, 6 juillet 2018

Ememem

Il y a des carreaux « miroir » où se reflètent la mosaïque d’en face.

Ememem

Attaque au sol, attaque des murs, des pavés, avec les mêmes armes bitumées, mais colorées. Ememem, nom d’artiste, « Aime aime » aurait écrit l’écrivain catho Gilbert Cesbron qui voyait l’amour partout, comme Yves Duteil et Francis Cabrel. Mais Ememem la joue question au paysage citadin normé, ceci sans un mot moralisateur, avec des carreaux façon mosaïque, carrément carrelage, comme il y a deux mille ans, ici même, à Lugudunum et surtout à Vienne, quand la mosaïque était un art, bien avant Mozilla.

Entrez au 7 rue des Capucins, c’est de l’art de rue mineur, du discret, du Pierre Michon, du Raymond Carver, qui dessinent des traits de foudre dans les ciments. C’est l’art. C’est beau dans le sol carapaçonné que ça déchire. C’est Ememem.

Les mosaïques de Ememem, boulevard des Canuts

Photos de septembre 2018

Ememem, « flacking » boulevard des Canuts, après Monoprix, photo GB du 28 septembre 2018
La géographie découle toujours du territoire, on en a encore la preuve ici, le flacking a la géographie du bitume — Ememem, photo GB du 28 septembre 2018
Ememem, "flacking" boulevard des Canuts, après Monoprix, photo GB du 28 septembre 2018
Matériaux étonnants pour ce flacking, différents des mosaïques précédents, Ememem, photo GB du 28 septembre 2018

D’autres mosaïques street-art d’Ememem

Nous en découvrons sans arrêt, voici des photos d’avril 2019.

Ememem, "flacking" dans le virage sous la place Colbert, au début des escaliers vers la montée Saint Sébastien
Ememem, « flacking » dans le virage sous la place Colbert, au début des escaliers vers la montée Saint Sébastien
Ememem, "flacking" place Colbert, vers les escaliers au nord-est de la place
Ememem, « flacking » place Colbert, vers les escaliers au nord-est de la place
Ememem, "flacking" place Bellevue vers le fort
Ememem, « flacking » place Bellevue vers le fort
Ememem, "flacking" au croisement des rues d'Algérie et Lanterne
Ememem, « flacking » à même la chaussée au croisement des rues d’Algérie et Lanterne

 

Exposition Léonard de Vinci à la Sucrière à Lyon de septembre 2018 à janvier 2019

Mis à jour le 2 nov. 2019 : voir l’exposition Picasso qui vient de commencer à la Sucrière.

À genoux à La Sucrière à Lyon, des 13 septembre à janvier 2019, devant l’ultimissime génie de l’humanité occidentale, devant le maître de la Joconde, le peintre de la Cène, l’inventeur de l’hélicoptère, du sous-marin, le dessinateur de l’homme de Vitruve (ci-dessous), végétarien bien avant l’heure :

Homme, si vous êtes vraiment […] le roi des animaux […] pourquoi prenez-vous vos sujets et enfants pour satisfaire votre palais, pour des raisons qui vous transforment en une tombe pour tous les animaux ?

devant Léonard de Vinci et surtout devant moult morceaux de la partie de son œuvre consacrée à ses inventions scientifiques, notamment une centaine de croquis, des représentations 3D et des maquettes tirées des susdits ainsi que deux centaines d’objets et des manuscrits de la main du génie du 16ième siècle, qui a terminé sa vie dans le Val de Loire, protégé par un des plus beaux rois que la France ait connu, François 1er, amoureux du Vieux Lyon qui à l’époque était plutôt le nouveau Lyon, Léonard dont l’ingénieur milliardaire Bill Gates a acheté à prix d’or quelques productions, fasciné à juste titre.

https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/2/22/Da_Vinci_Vitruve_Luc_Viatour.jpg/565px-Da_Vinci_Vitruve_Luc_Viatour.jpg

L’homme de Vitruve, Léonard de Vinci

Cette exposition est idéale pour les week-ends d’automne et d’hiver, couplée à une balade pédestre sur les berges de la Saône, alors que les feuilles mortes se reflètent dans les eaux du fleuve, en accord avec l’ineffable et mystérieuse poésie que dégagent les œuvres peintes de Léonard, hélas non montrées dans cette exposition « Da Vinci, les inventions d’un génie ».

L’occasion aussi de mettre un pied dans la La Sucrière, ancien bâtiment industriel du nouveau quartier Confluence, qui a gardé les magnifiques vis qui permettaient de glisser les sacs de sucre entre les étages, mélanges d’escaliers à vis et de toboggans. Sucrière qui accueille une année sur deux la Biennale d’art contemporain, la prochaine sera en 2019, en cette année 2018, sera à l’honneur dans les rues de Lyon et dans ses salles chorégraphiques la Biennale de la Danse.

Si vous ratiez cette exposition itinérante Léonard de Vinci à Lyon, vous pourrez ensuite vous rattraper à Barcelone. Ne vous méprenez pas sur le ton un peu moqueur de ce billet, nous sommes ému par avance de contempler les travaux du maître. Un seul regret, le prix d’entrée un tantinet élevé.


Exposition «Da Vinci, les inventions d’un génie»

Dates : du 13 septembre 2018 au 13 janvier 2019.

Tarifs : 8€ pour enfants, étudiants et groupes à partir de 10, 35€ pour les familles, 13€ en adulte individuel.

Lieu : La Sucrière, 49 quai Rambaud, Lyon 2ième

Biennale de la danse 2018

Accès au programme des spectacles.

Fin du défilé de la biennale de la danse 2018
Fin du défilé de la biennale de la danse 2018

Rendez-vous pour le défilé 2020

Défilé de la biennale, c’était le

dimanche 16 septembre 2018 — départ de Terreaux à 14h30

 

Défilé de la biennale de la danse en 2006Le populaire, festif et coloré défilé de la biennale de la danse de Lyon retrouvera son trajet habituel, où il doit être, dans la rue ! En 2016, à à cause des attentats, il s’était tenu dans l’enceinte close du stade de Gerland.

Biennale de la danse 2018 : du 11 au 30 septembre 2018

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Bonne biennale de la danse et bon défilé

Défilé 2006, départ place des Terreaux
Défilé 2006, départ place des Terreaux
biennale de la danse de Lyon : le final place Bellecour
Défilé 2006, le final place Bellecour

Biennale de la danse — Programme

La mère nature était là, avant le Jardin des plantes — Une sculpture du street-artiste « Green vegetal world »

Boticellienno-écolo-érotique. Allez lui rendre visite ! La sculpture est vissée sur une souche, couleur bois, un noir corbeau sur son épaule, le long du sentier qui traverse le Jardin des plantes, en bas des pentes de la Croix-Rousse, près de l’amphithéâtre des Trois-Gaules. On pense au poète Höderlin. Tellement femme végétale que ton regard, toi la passante ou le passant, ne peut s’en détacher. Une femme enlacée d’une liane, symbiose humano-végétale. D’un érotisme magnifié dans son développement, peau tachée de grands pétales mauves.

Statue « Green vegetal world » jardin des plantes Lyon

L’œuvre est remarquable dans sa facture comme dans son installation, sur cette souche datant peut-être d’avant le jardin des plantes, au 19ième siècle. La légende qui y est gravée : MOTHER NATURE WAS HERE. Il est vrai que la nature fut là, voici longtemps. Il en reste les grands arbres autour.

Statue « Green vegetal world » jardin des plantes Lyon

Tu t’arrêtes. Tu en fais le tour. Tu as envie de la toucher. Est-elle sculptée dans du bois, de l’argile, imprimée en 3D ? Non, quand tu cognes de l’index replié dessus, elle sonne creux et tu devines qu’elle est dans ce carton-pâte utilisé pour les modèles à peindre que l’on trouve chez Rougié&Plé. Un travail d’abeille charbonnière qui laisse admiratif. Le piédestal porte la signature de son ou sa créateur, le/la street-artiste « Green vegetal world ».

Le street-art à Lyon est essentiellement sur les murs, hormis les inclusions de mosaïques d’Ememem dans les trottoirs et cette statue de « Green vegetal world ». À voir vite !

Nos visites guidées Street-art avec nos guides spécialisés

Notre itinéraire Street art, graff et graffitis des pentes de la Croix-Rousse


Localisation : Jardin des plantes, rue Lucien Sportisse, Lyon 1er

L’artiste sur facebook : @greenstreetart

et sur Instagram : @gree_vegetal_word

 

 

 

Big Ben, street-artiste, dans les yeux de Bowie

« Se cacher, c’est la liberté », explique Big Ben qui refuse d’être pris en photo pour cet entretien. Il signe avec la silhouette totémique de la célèbre tour londonienne, qu’il insère subtilement dans ses œuvres, presque cachée, tel Alfred Hitchcook traversant subrepticement ses films.

Le fils de l'homme, Big Ben — Détournement de l'oeuvre éponyme de Magritte
Le fils de l’homme, Big Ben — Détournement de l’œuvre éponyme de Magritte

Ce pseudonyme, Big Ben, il en parle comme d’un « blaze ». Quasi un blason. C’est que son nom mural, que le mur soit de briques ou facebookien, est consubstantiel de chaque street-artiste. Comme pour les rappeurs. Ce Big Ben est un jeu de mots avec le surnom que tout le monde lui donne dans la vie, Ben, pour Benoît. Nous n’en saurons pas plus de son identité.

Un autre moyen de préserver sa liberté, plus tangible encore, est son job rémunéré. Qu’il ne veut pas nous dévoiler non plus. Il s’est permis récemment de refuser une juteuse offre de Publicis pour réaliser une affiche publicitaire. « Chaque homme a son prix », ajoute-t-il encore, pour appuyer fort sur son choix artistique.

big ben street art syndromeLe street-art subit aujourd’hui une grosse vague de récupération, récupéré, recyclé et réhabillé par le marketing. Il y a par exemple cette marque de yaourts qui, pour lancer son nouveau magasin de laitages hypes auprès des néos Croix-Roussiens, a collé des vaches en mousse à 3 mètres de hauteur dans « 14 lieux emblématiques du quartier ». Ces ruminants sympathiques sont loin du Trump adressant un doigt d’honneur à la planète signé par Big Ben, effacé deux jours après par les équipes de nettoyage de la municipalité. Ou de son portrait d’Eminem, réputé comme Trump pour sa grossièreté, rue de la Tourette, œuvre vite effacée elle aussi. La Tourette est le nom de la maladie qui fait prononcer à ses victimes des litanies de gros mots et d’injures. Oui, Big Ben adore les détournements. De toutes sortes. Car il cherche le cœur des passants. Ainsi rue Neyret, dans les pentes de la Croix-Rousse, où les célèbres et troublants yeux faussement vairons de David Bowie vous regardent au bout de la rue.

Les yeux de Bowie par Big Ben, rue Neyret, Lyon

Lors du départ de notre Cher Johnny pour le grand ailleurs, Ben lui a rendu hommage en l’équipant d’une paire d’ailes d’ange et de la guitare de Jimi Hendrix en feu à ses pieds, souvenir des passages de ce dernier en 1966 en première partie des concerts de la future superstar nationale.

Johnny, Big Ben

Des hommages-détournements, Big Ben en a commis de nombreux : Magritte, Gainsbarre, Cabu, Cupidon, Keith Haring, Stallone (quai Rambaud, of course),  la sorcière de Blanche-Neige croquant la pomme Apple, des soldats chinois sur le sol de la chaufferie de l’Antiquaille en piratage de la Biennale d’Art Contemporain.

Big Ben aime aussi les nus, particulièrement en hiver, ils réchauffent. Ce début 2018, il travaille autour d’Ingres. « Ingres, c’est massif, pas de chute de reins. Et c’est subtil, en même temps, ce qui donne une ampleur à sa peinture. » Une façon de révéler les critères de beauté d’aujourd’hui en mettant côte-à-côte les deux peintures, la sienne et celle de l’auteur de La Baigneuse et du Bain turc. Peindre des femmes en chair à l’époque où la mode impose le filiforme est un contrepied de la part de Big Ben, comme l’est le street-art, l’une des rares alternatives aux visuels publicitaires omniprésents sur les murs des villes.

Soshanna, Welcome in Lyon, Big Ben
Soshanna, Welcome in Lyon, Big Ben

Big Ben peint sur du papier, dans son atelier. Des grands formats souvent. Parfois les dupliquent. Fait du pochoir. Puis enfin les colle publiquement. Un grand collage ça prend du temps, explique-t-il, il faut choisir des heures propices pour que l’opération réussisse. Sous-entendu des heures où il  risque peu de croiser la police, qui lui ferait retirer illico. Moments très courts par rapport au reste du temps de réalisation de l’œuvre, mais moments excitants quand elle va enfin dans la rue.

S’il colle à Bordeaux, Nîmes, Strasbourg, c’est surtout Lyon où il vit qui est son terrain de jeu. Arrivé voici vingt ans, il a tout de suite aimé la ville, les traboules dont il faut passer les portes, ce charme caché pour faire croire que l’on est pauvre. Lyon a une cinquantaine de galeries, mais les collectionneurs n’achètent pas encore, les street-artistes demeurent des tireurs isolés.

Le funambule - Big Ben
Le funambule – Big Ben

Depuis 2011 et ses premiers collages, Big Ben a eu quelques expos. La prochaine est en avril mai 2018, au Canet. Un conservateur lui a commandé des fresques. Ce sera un moyen de financer son travail. Mais aussi et surtout une reconnaissance artistique.

Gilles Bertin


Pour retrouver Big Ben : https://www.facebook.com/bigbenstreetart/