Cette fête des lumières 2023 est très réussie, avec de magnifiques surprises. Des surprises soit de facture classique, soit qui donnent un coup de plumeau à l’art des illuminations, voire même qui, Place des Terreaux, pour CELLULO/D de Bruno Ribeiro ouvrent un tout nouveau genre. Commençons par elle ci-dessous.
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Coup de cœur n°1 absolu : Terreaux, les frères se lumi(a)èrent
Une intelligente et pas du tout artificielle revisite des films des frère Lumière avec l’IA
Ce spectacle revisite les tout débuts du cinéma par les frères Lumière en utilisant en partie l’IA, mais surtout avec une façon de raconter très forte. L’immense façade du Musée des Beaux-Arts est utilisée comme une sorte de table de montagne où s’alignent des pellicules de film, comme une mosaïque. Pendant ce temps, un écran de cinéma est installé sur la façade de l’Hôtel de ville, où sont projetés des premiers films des frères Lumière. Peu à peu, les scènes filmées alors, dont beaucoup ont été filmées à La Ciotat, où la famille Lumière possédait une villa, sont transformées en scènes imaginaires générées par IA, avec des nouveaux personnages, de nouveaux véhicules, un nouveau contexte. La célèbre locomotive entrant en gare où les gens et les scènes d’alors se transforment et évoluent, devenant des visions qui se multiplient et prolifèrent. Des visions situées dans le futur du film d’origine, donc soit dans notre passé, soit aujourd’hui, soit dans notre propre futur.
Ici, l’IA pilotée par l’imagination et l’intelligence de Bruno Ribeiro, nous montre ce qu’elle permet déjà : créer des scènes nouvelles à partir de toute l’histoire du cinéma et de toutes les images du monde existantes. Ces scènes sont soit étrangement nostalgiques lorsque situées dans le passé, soit oniriques lorsqu’elles figurent un futur, comme ces colonnes humaines se déplaçant dans un désert montagneux.
Il y a aussi ce dispositif de pellicules sur la grande façade du musée et d’écran sur l’Hôtel de ville provoquent de belles émotions, celles de tout le cinéma que nous avons en nous. Mêlées et conjuguées de tous les glissements d’univers et d’ambiances générées par l’IA, cela donne un spectacle magique, celui du cinéma, et très innovant, celui d’un cinéma qui se poursuit du passé dans le futur. Quelle intelligence !
Coup de cœur n°2 : la Fresque des Lyonnais célèbres s’envole
Le célèbre mur peint des Lyonnaises et Lyonnais célèbres est augmenté en lumières par des histoires autour de certains de ses personnages. Comme les frères Lumière qui ouvrent le bal. Comme Antoine de Saint-Exupéry, son avion, le Petit Prince et le fameux renard. Comme Édouard Herriot, Paul Bocuse. Comme Louise Labé, une des 4 femmes de la fresque (pour 27 hommes !) qui — et c’est extrêmement dommage — partage une séquence rabougrie à ses seules initiales avec Maurice Scève, dont la poésie est oubliée aujourd’hui, alors que les vers de Louise Labé sont toujours là.
Cependant, les animations, dans un style très illustratif, dessiné, donnent à cette animation très colorée un caractère magique, léger et gai, qui peut amener la spectatrice ou au spectateur de cette animation créée par Gilbert Coudène et Étienne Guiol à ne pas remarquer leur oubli des Lyonnaises.
Coup de cœur n°3, la fontaine des Jacobins de pierre et de lumière
Somptueuse parure de lumière qui vêt la magnifique fontaine de rayons caressants, frôlants, étincelants, tout en mettant la blondeur de sa pierre à nu, telle l’une de ses naïades. Le tour de la place est également révélé et ajouté à cette beauté, comme s’il faisait partie du jeu, surtout sa partie sud-ouest, comme sur cetete photo ci-dessous. Pour cela, allez la voir près du kiosque à journaux.
Cet habit tissé par Pier Schneider et François Wunschel de 1024 architecture est à voir absolument.
Coup de cœur n°4 : et la cathédrale se Derrida
La cathédrale Saint-Jean déconstruite en électro par un collectif allemand
Les Allemands du collectif ruestungsschmie.de n’y sont pas allé avec le dos de la cuiller : à la façon du philosophe déconstructionniste Jacques Derrida, ils démantèlent les structures de la façade de la cathédrale, donc la cathédrale, révélant ainsi à coup de formes primitives (rectangles, lignes) et de musique électro quelque chose qui appartiendra à chaque spectateur. Ce qui rend ce spectacle marquant est cette entreprise méthodique, à la Steve Reich, haletante et spectaculaire, très moderne. Une animation qui rompt avec les illuminations classiques et toujours belles de cette cathédrale à chaque fête des lumières. Elle peut étonner, déranger, pour cette raison. Ou enthousiasmer pour sa langue ultra contemporaine.
Coup de cœur n°5 : Piano-geyser au parc de la Tête d’Or
Geysers, une œuvre onirique par Jérôme Donna
Généreux est Jérôme Donna, avec ses cascades oniriques de formes aquatiques et folâtres, se fondant avec la voûte des arbres du parc.
Nous avons aimé aussi
Bonne fête des lumières.