Douce, végétale, cousue main, onirique et ondoyante, sobre et lyrique, réaliste et métaphorique. La fête des lumières 2021 est une belle réussite, moins techno, plus organique que les fêtes précédentes. Grégory Doucet, le premier maire écolo de Lyon, était attendu sur cet événement majeur pour la ville. Saurait-il concilier décroissance et croissance, watts et ouate, CO2 et O2 ? La première soirée, mercredi 8, a été un beau moment, émouvant, profond, avec une jolie foule au rendez-vous de créations artistiques pour la plupart très réussies. Et de belles surprises à Saint Paul et Saint Jean. Pour l’avoir entièrement parcourue du parc de la Tête d’Or à la cathédrale par Bellecour, Terreaux, Célestins, Jacobins, République, Bourse, cette fête à sa personnalité. Toute nouvelle ! Bravo.
Photo ci-dessus : La rivière, création de Cédric Le Borgne
Lumignons du cœur, place des Jacobins
L’organisation aussi était au rendez-vous, avec un fléchage efficace et lisible. Dimensionnée pour les deux soirées de folie de vendredi 10 et samedi 11 et un peu surdimensionnée pour le début de cette fête à l’entrée du Parc de la Tête d’Or.
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Cathédrale Saint-Jean, notre coup de cœur absolu
Saisissante dans sa mise en œuvre sur la marmoréenne façade de la millénaire cathédrale, la simplissime idée d’utiliser son immense rosace se révèle d’une efficacité narrative, poétique, philosophique d’une très grande profondeur. Les artistes du collectif AV EXTENDED jouent de cette rosace comme Ivry Gitlis jouait du violon, pinçant, frottant, labourant nos cordes les plus sensibles de leur archet de lumière.
L’iris de vitrail de la rosace pulse, déversant son lait coloré dans toute la façade, le rebuvant, l’absorbant, le redonnant.
Puis la lumière vient de l’intérieur du vaisseau de pierre et jaillit dehors, sur nous, par cette ouverture diaphragme.
Puis la lumière promène un faisceau presque inquiétant, comme d’un mirador. Pourtant, c’est autre chose. C’est un regard vert. Ce sont les paupières de lumière intérieure qui parlent aux nôtres. Nos yeux sans masque.
Si vous deviez voir une seule animation cette année, allez place Saint-Jean. Ou mieux, terminez votre soirée ici, sous l’œil de lumière de la cathédrale.
Iris, par le collectif AV EXTENDED – Place Saint-Jean
Gare Saint-Paul, notre coup de cœur plaisir fraîcheur
Jeune et fraîche, ludique, cocktail de fruits, l’animation sur la façade de la gare Saint Paul est joyeuse, gaie, fraîche. C’est une création issue des Rencontres Audiovisuelles des Hauts-de-France. Dans le langage de ces nouveaux métiers au frontières du numérique et de l’événementiel patrimonial, c’est du « vidéo mapping ». Surtout, on est dans un langage contemporain qui mixe nos cultures consoles de jeux, tablettes, BD. Un délice !
Nouvelle vague par des artistes de Rencontres Audiovisuelles — Gare Saint-Paul
Bourse, notre coup de cœur élastique
C’est la danse des cerceaux. Quelle belle idée ! Simple et élégante. Qui remplit les cœurs d’enthousiasme pour la beauté du mouvement. Des anneaux qui montent et descendent félinement, et indépendamment. Un cône de lumière comme un vase. Puis comme une tulipe. Comme un coquetier. Sur une musique battante et sanguine et chorale de YO. L’animation est le fruit du travail de jeunes designers et du chez d’orchestre lumineux Alexandre Lebrun. Magnifique !
Vortex-1 par Lightlab Creative (conception lumière) et YO (conception musique) — Place de la Bourse
Bellecour, notre coup de cœur éolien
Une foule de drapés tendus autour de la statue de Louis XIV, fasseyant dans la brise, trempés de couleurs unicellulaires dérobées au feuilleté de l’arc-en-ciel.
C’est une animation qui se mérite, il faut bouger pour la découvrir. Rôder autour. La renifler. Prendre du recul sur la place. Aller à ses quatre coins. Essayer des points de vue différents. S’abstraire de la grande roue qui l’écrase, comme cette place gigantesque. C’est une affaire de perspective, proche et éloignée. Fourvière, posée dessus ou dedans donne une nouvelle image emblématique de Lyon. C’est une animation très peu intrusive, caressante. Comme des préliminaires à l’amour.
La Vague par Sébastien Lefèvre (lumière) et Jocelyn Mienniel (musique) — Place Bellecour
Tête d’Or, notre coup de cœur osier
Féerique, lutinienne et lutinien, on se croirait dans le jardin de la maison de Bilbo, au tout début du Seigneur des anneaux. Le plus touchant sont ces paniers, ces cônes, ces formes fabriquées à la main, dans de l’osier. Ils sont éclairés avec grande douceur. Comme des veilleuses pour une chambrée nombreuse, de tous les âges. Elles s’offrent sur le chemin le long du lac endormi. On marche main dans la main, les cœur à bicyclette.
La créature du lac par Nicolas Paolozzi / Création sonore : Baptiste Martineau — Parc de la Tête d’Or
Les autres animations
Phénix par Julien Menzel / Son : Damien Reynaud — Place Louis Pradel
Frame Perspective par Olivier Ratsi (lumière) et Thomas Vaquié (son) — Place de la République
Belle fête des lumières 2021 !
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