Cette fête des lumières 2022 est une réussite, avec ses illuminations classiques, comme à la Cathédrale Saint-Jean, et de nouvelles créations artistiques enthousiasmantes, émouvantes, profondes ou fraîches.
Très notamment nos coups de cœur, la profonde et émouvante création « Soi-même » à la Fondation Bullukian au sud de la Place Bellecour (par un groupe de jeunes autistes), l’intelligent vortex climatique « Cymopolée » de Marc Sicard place de la République, la fraîche, pimpante et joyeuse « Nouvelle vague » à la Gare Saint-Paul. Et le poétique poisson rouge « J’ai attrapé un… » de Stéphane Masson dans sa cage dorée, quartier Grolée. Nous les détaillons maintenant.
D’autres animations sont tout à fait réussies, intéressantes, notamment place des Terreaux et sur les berges de Saône, en bas de Fourvière, théâtre des Célestins.
Pour le parc de la Tête d’Or, nous reviendrons dessus d’ici samedi.
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Coup de cœur « émotion » :
Fondation Bullukian (place Bellecour sud), la grâce de l’épure dit nos émotions
Dans une cour au sud de Bellecour, dans le cœur de la cité, nous sommes dans celui d’autistes, dans le caravansérail où trottent, tournoient, se reposent leurs émotions d’être dans le rapport aux autres. Et aussi les nôtres à tous. Nous sommes tous autistes. Une bouleversante animation qui prend le temps de s’installer, de dire sans dire rêves et émotions, sans pathos, sans didactique, sans storytelling, par la grâce du mouvement et de l’épure. Le noir et blanc a été choisi, des traits à la fois précis et imprécis, comme sur les plaques photographiques en verre que l’on trouve sur les brocantes. C’est intemporel et pudique. Une création à voir, si vous le pouvez.
L’œuvre a été réalisée par une dizaine de jeunes autistes, avec le SESSAD (lien Wikipedia) qui est une structure d’éducation spécialisée et de soins à domicile, de l’hôpital Le Vinatier. Ils ont été aidés par un directeur artistique spécialiste du jeu vidéo, une chorégraphe et une musicienne. Bravo, bravo, bravo.
Infos pratiques
Lieu : au sud de la place, à droite de l’entrée de la rue Victor Hugo
Entrée régulée : il y a un temps d’attente.
SOI-MÊME, œuvre réalisée par une dizaine de jeunes d’autistes avec l’aide du SESSAD du Vinatier
Coup de cœur « intelligence » :
Place de la République, la beauté du climat en vrille
Une création d’une très grande intelligence. Benjamin Nesme et Marc Sicard, avec leur monolithe vrillé érigé au centre du bassin Place de la République, inventent un dispositif qui réunit la beauté et la capacité à nous réunir autour de lui. Comme une tour centrale, Cymopolée (nom qu’ils lui ont donnée) rediffuse des bribes d’information sur la science météorologique, sur la naissance des cyclones, comme la bande son d’une conversation en arrière-plan dans un film. Oui, nous savons cela, et pourtant ! Pourtant, telle le monolithe kubrickien de 2001, la grande construction en forme de bâton de réglisse tissée de tubes souples brillants a sa propre vie tempétueuse, qui échappe à nos volontés, palpitante, inexplicable, soubresautante, beethovienne. Et nonobstant tout l’explicatif que vous venez de lire, qui possède une beauté intrinsèque. Il suffit de regarder, d’entendre, là au bord du bassin où elle se reflète. Benjamin Nesme et Marc Sicard transcendent la crainte climatique en une présence certes occulte, mais dont la beauté indique quelque chose. Quoi ? C’est à chacune et chacun de nous de couver cette beauté.
Coup de cœur « classicisme » :
Cathédrale Saint-Jean, dentelière de lumière
Des fils de soie, des entrelacs de festons nappent l’incroyable façade de pierre claire de la Cathédrale, d’une finesse sublime. La technique de la projection vidéo a fait visiblement d’immenses progrès qui permettent cette œuvre de dentelière. Le thème revendiqué par Filip Roca, l’artiste, est le temps, avec un T majuscule, celui des siècles ; en réalité, il semble que ce soit plutôt celui de la beauté, et d’une certaine sérénité, d’un calme devant ce temps qui passe. Et on voudrait, comme pour cette création lumineuse, que cela dure toujours. On ne sent plus le froid, la petite pluie, on a de cette beauté dans les yeux qui nous emplit doucement de paix. Merci monsieur Roca.
Coup de cœur « qui donne la pêche » :
Gare Saint-Paul, un plaisir frais, pimpant comme une salade de fruits
4 animations vives, pleines de gaieté, d’inventivité se succèdent par groupes de deux sur la façade de la gare Saint-Paul. Des instruments de jazz, des fruits, des poursuites de têtes, c’est le thème du mouvement endiablé de vie de la gare décliné de 4 façons. Comme il y a un entracte entre chaque groupe de deux, attendez la 2e session.
Ces 4 animations sont créées comme en 2021 par des jeunes futurs artistes issus des Rencontres Audiovisuelles des Hauts-de-France.
- Au train où vont les gens, de Franck Dion avec Eric Bejarano.
- Bonne arrivée, Stéphanie Léonard avec Géraldine Kwik à la musique et quelle musique !
- Regarder avec d’autres yeux, Cindy Lo avec à nouveau Géraldine Kwik à la musique.
- Black Sun, Kateryna Pits, une artiste d’Ukraine à l’imaginaire et avec une culture graphique fabuleuse.
Nouvelle vague par des artistes de Rencontres Audiovisuelles — Gare Saint-Paul
Coup de cœur poétique :
Quartier Grôlée, le poisson bouge
Miracle de l’apesanteur holographique, un poisson rouge flotte devant nous, se heurtant aux barreaux d’une cage à barreaux de fer, imitation d’une cage à oiseaux. Métaphore de notre âme, de notre cœur. On a de la compassion pour lui tout en étant ému de sa beauté impalpable. Il est remplacé par un éléphanteau en chien de fusil. On aurait envie que cette mutation continue, voir d’autres et encore d’autres animaux de notre planète poétique. Cher Stéphane Masson, revenez une année prochaine.
Coups de vert cœur :
Parc de la Tête d’Or, mariages arbres-et-lumière
4 animations au Parc de la Tête d’Or, dont l’atmosphère nocturne se prête particulièrement à la magie, avec 2 de ces animations qui sont ab-so-lu-ment mer-vei-lleu-ses. Elles marient sublimement lumière et arbres. Nous vous les conseillons tout particulièrement.
Sans oublier à la sortie les étonnants lumignons du cœur.
Seul bémol assez incompréhensible, le longuissime et labyrinthique chemin à parcourir entre des barrières métalliques pour y accéder (pourquoi de telles précautions ?). Heureusement la foule le fait dans une bonne humeur tranquille, égayée pour les footeux par les retransmissions sur leurs téléphones.
Voir nos 5 autres coups de cœur plus haut
À l’entrée du parc, la boîte de nuit de Onlonlab
Une animation style boîte de nuit accueille à l’entrée du parc, à la pointe du lac, projetant ses faisceaux et ses lasers sur les arbres. Ces lumières étant pilotées par les données numériques en temps réel de la ville, selon ses concepteurs espagnols de Onlonlab. En réalité ils n’ont pas tout laissé au hasard… le ballet des projecteurs est réglé pour converger périodiquement au centre de la piste, donnant alors un effet focalisant fascinant sur les vêtements clairs. Cette animation est une entrée en matière « vigorante » avant des choses plus mystérieuses et poétiques, plus loin dans le parc.
Une voie lactée de lucioles au sol, par le studio Toer
Elles dansent dans la nuit sur l’humus, toutes petites lucioles scintillantes sous les feuillages dorés. Elles dansent mille danses, elfes amoureuses, étincelles de terre et d’air. Il y a deux nappes de ces lucioles, une de chaque côté de l’allée qui longe la rive gauche du lac. On dirait un univers à la Neil Gaiman. Tout simplement magique !
Magie moires de Javier Riera
Vous avez bien lu ! Magie moires, oui, dans le noir de la nuit du Parc de la Tête d’Or. Le moiré est l’effet bien connu du chatoiement de la soie. Il peut aussi être obtenu en provoquant un contraste changeant en déformant un objet. Par exemple en superposant deux tissus fin à maille régulière. Ici, l’artiste Javier Riera, qui est un artiste sculpteur de lumière, utilise les interférences entre les aiguilles des immenses cèdres et des motifs géométriques zébrés qu’il projette sur ces arbres. Le résultat : une intense magie. On entend nombre d’exclamations « C’est beau ! » dans le très nombreux public qui reste longtemps devant ce spectacle qui continue sans aucune pause.
Autre effet, en plus de ce moirage qui donne une peau vivante aux arbres, celui des plans successifs. Entre les branches ou entre les arbres on en voit d’autres, et ces plans successifs donnent une profondeur mystérieuse, quasi mystique.
Les nappes musicales planantes sont sans doute également des boucles qui poursuivent leurs rondes sans quelque logique qui soit. Ce qui ajoute au caractère poétique et mystique de ce merveilleux mariage entre lumière et arbres.
Allez au Parc de la Tête d’Or ! Même l’interminable chemin entre les barrières de fer vous paraîtra court au vu de ce spectacle. Allez contempler ce spectacle de Javier Riera.
Les lumignons du cœur
Un air de fête. La roseraie du Parc de la Tête d’Or reçoit tous les lumignons allumés des donateurs, et il y en a des des centaines, des milliers, disséminés entre les rosiers. Cela donne un effet massif ! Et le très nombreux public qui déambule en s’exclamant, vin chaud à l’appui (il est en vente avec les lumignons), donne l’atmosphère conviviale et bon enfant que l’on aurait envie d’étendre à toute la fête des lumières. Une session 2022 de lumignons du cœur particulièrement jolie et joyeuse.
Les autres animations
Bourse, le chat cool
Place de la Bourse, une œuvre ambivalente, entre contemplation, brin de poésie et pose Instagram qui nous a — disons-le — laissé sur une faim cat cat catibulaire, comme chantait Nougaro. On aurait aimé ce minou très cool plus taquin, plus coquin, plus malin, plus félin. On pourra aller le voir surtout pour se selfiser avec.
Belle fête des lumières 2022 !
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Notre circuit conseillé 2022 avec carte Google maps « exclusive »