21 juin 1943, il y a 80 ans, arrestation de Jean Moulin et ses compagnons à Caluire, près de Lyon

Le 21 juin 1943, la Gestapo arrête Jean Moulin et 7 de ses compagnons à Caluire, près de Lyon. Suivez cette journée cruciale de la Résistance à Lyon heure par heure. Découvrez ses actrices et acteurs, ses causes et ses conséquences qui ont trait à l’unification en cours de la Résistance et à des oppositions à De Gaulle.

La porte palière du 2 de la place Raspail s’ouvre, un homme qui y occupe une chambre sous le patronyme de Marchand en sort. Sans marquer d’arrêt ni d’hésitation, alors qu’il se sait traqué, ou pour cette raison, Max, tout nouveau chef politique à la tête de la Résistance française, part à son premier rendez-vous, avec Tony De Graaf, qui a pris la tête de son secrétariat pour la zone sud, depuis le départ de Daniel Cordier pour Paris.

> Pour en savoir plus avec nos guides conférenciers : notre visite guidée Lyon et la Résistance

10 heures, la journée de Jean Moulin est chargée

Avec Tony De Graaf, vers 10 heures, il prépare la réunion de l’après-midi, laquelle sera fatale. Il fait beau, la ville est animée malgré l’Occupation. D’ailleurs, les uniformes grouillent.

Ensuite, il rencontre un des chefs du mouvement Combat, Henri Aubry. Comme Henri Frenay et d’autres dirigeants de la Résistance, ils ne sont pas d’accord avec le pilotage politique de celle-ci depuis Londres, pilotage représenté par Moulin, qui il n’y a pas un mois, le 27 mai, est devenu le 1er président du Conseil National de la Résistance, instance imaginée par De Gaulle pour le légitimer en tant que chef de la France Libre, face au général Giraud soutenu par les Américains. On le voit, l’unification de la Résistance est très fraîche, jusque là les mouvements étaient cloisonnés et combattaient sans coordination.

Statue de Jean Moulin devant la maison où il fut arrêté à Caluire avec ses compagnons le 21 juin 1943 — Photo Lyon Visite

Un moment crucial à Lyon pour l’organisation de la Résistance française

Il y a 12 jours, le général Delestraint, commandant l’Armée Secrète (A.S.) a été arrêté à Paris. En février, le chef lyonnais de cette même A.S. avait été arrêté. Le 15 juin, il y a 6 jours, Jean Moulin conclut sa dernière lettre à De Gaulle, par ces mots : « C’est l’A.S. qu’il faut sauver. Je vous en supplie, mon Général, faites ce que j’ai l’honneur de vous demander » C’est dans ce contexte très difficile qu’il faut situer cette journée du 21 juin.

Après cette rencontre avec Henri Aubry, Jean Moulin a un entretien avec Gaston Deferre

Pour se rendre à son dernier rendez-vous, il va prendre à Croix-Paquet, en bas des pentes de Croix-Rousse, l’un de ces funiculaires que les Lyonnais surnomment « ficelles ». L’autre extrémité de cette ficelle arrive à proximité du Gros Caillou, cet emblème du quartier. Jean Moulin prend en face le tramway 33 pour Caluire (ce tramway comme tous les autres de Lyon n’existent plus depuis longtemps, il a été supprimé en 1947).

Ce dernier changement en tant qu’homme libre est marqué par une plaque au croisement de la rue Vaucanson et du boulevard de Croix-Rousse.

Plaque Jean Moulin au terminus du funiculaire de Croix-Rousse vers Gros Caillou
Plaque mémorielle à l’emplacement du terminus du funiculaire en 1943, croisement rue Vaucanson et boulevard de la Croix-Rousse —Photo Lyon Visite

La réunion secrète de la Résistance autour de Jean Moulin ne l’était pas pour la Gestapo

La réunion où il se rend est normalement ultra-secrète, rassemblant le gratin de la Résistance pour désigner le nouveau patron de l’Armée Secrète, remplaçant le Général Delestraint. Mais la Gestapo est au courant, aujourd’hui encore on ne sait avec certitude qui a été le dénonciateur. On soupçonne l’un des participants à cette réunion, René Hardy, sans aucune preuve aujourd’hui encore. Hardy a été arrêté par les Allemands le 7 juin dans le train Lyon-Paris, à Chalon/Saône. Le 10 juin, Klaus Barbie chef de l’antenne régionale de la police de sureté allemande — le SD — « traite » Hardy et de façon inexpliquée encore aujourd’hui le relâche. Mais le 21 juin, Pierre de Bénouville, du comité directeur des Mouvements Unis de la Résistance (MUR), commet une incompréhensible erreur de sécurité en donnant l’ordre à Henri Aubry d’inviter René Hardy à la fatale réunion de l’après-midi. Apparemment, il aurait compté sur les qualités de débatteur de Hardy pour contrecarrer le poids politique de Jean Moulin dans la nomination du nouveau chef de l’Armée Secrète en replacement du général Delestraint arrêté et donner un poids prépondérant au mouvement Combat. René Hardy n’était pas d’accord pour participer à cette réunion, Henri Aubry a dû insister. Après l’arrestation de Jean Moulin et de ses camarades et après la guerre, René Hardy sera mis en cause à la Libération puis acquitté deux fois dans cette histoire. Mais la controverse quant à son rôle a continué jusqu’à aujourd’hui. Elle est attisée tant par les circonstances (des rapports internes de la Gestapo retrouvés plus tard comme quoi il aurait contribué à de nombreuses arrestations et un document produit par la DST), par les témoignages et les soutiens (Frenay, de Bénouville, Albert Camus) ou les accusations (Raymond Aubrac, Edmée Delétraz résistante infiltrée dans la Gestapo) d’acteurs importants de la Résistance, que par des dimensions politiques et des luttes d’influence entre communistes, radicaux, gaullistes et démocrates-chrétiens du MRP.

Laure Moulin, grande et discrète résistante

Laure Moulin, la sœur de Jean Moulin, elle-même résistante, est présidente du deuxième procès mettant en cause Hardy, où le 8 mai 1950 ce dernier est acquitté de justesse. Laure Moulin, femme courageuse et hardie elle aussi, qui s’était déjà portée volontaire comme infirmière durant la Première Guerre mondiale est de 1940 à juillet 1943, la secrétaire de son frère à Montpellier où elle continue à enseigner, la famille a une maison non loin. Il est la personne en qui il a le plus confiance, elle code et décode les messages secrets. Elle sera même à l’occasion son agente de liaison, assurant des missions. Elle publiera la biographie de son frère en 1969.

Midi, Jean Moulin déjeune

Jean Moulin déjeune avec un résistant mis à sa disposition comme adjoint, Claude Bouchinet-Serreulles, qui vient d’arriver de Londres. Puis il retrouve son secrétaire De Graaf et l’envoie conduire l’un des participants de la réunion secrète, membre du mouvement lyonnais « France d’abord » au Gros Caillou, au terminus du funiculaire, sans lui communiquer l’adresse finale.

13 h 30, À plusieurs cheveux près, l’arrestation aurait pu être évitée

Un autre membre de « France d’abord », le colonel Lacaze, va bientôt se diriger vers Caluire, où Bruno Larat le chef des parachutages de la Résistance l’a convié à cette réunion, et où il sera lui aussi arrêté. Des contacts de Lacaze l’ont prévenu : la Gestapo s’apprête à quelque chose de très important à Lyon contre la Résistance. Alors, hier, le colonel Lacaze a essayé de dissuader Larat du montage de cette réunion qui va regrouper presque une dizaine d’hommes. Et ce matin, il a envoyé sa fille Odile prévenir qu’il n’irait pas à ce rendez-vous. Mais il change d’avis, il y va… plus tôt, en avance d’une heure. Le rendez-vous est à 14 h 30. Sur place, les choses ont l’air normales.

Maison du docteur-Dugoujon à Caluire où ont été arrêté Jean Moulin et ses compagnons
Maison du docteur Dugoujon à Caluire où ont été arrêté Jean Moulin et ses compagnons – Photo 2015, Lyon Visite

Sur place, c’est la maison et le cabinet du docteur Frédéric Dugoujon, place Castellane à Caluire, aujourd’hui place Gouailhardou. Maison devenue en 2003 « Mémorial Jean Moulin » et dont nous vous conseillons très vivement la visite.

La domestique du docteur introduit les invités à la réunion à mesure de leur arrivée. Donc d’abord le colonel. Au 1er étage.

Ensuite André Lassagne, ami du docteur, enseignant d’italien au lycée du Parc où il prépare l’agrégation. C’est lui qui a proposé ce lieu de réunion. Il est accompagné de Henri Aubry qu’il est allé chercher au Gros Caillou, à l’arrivée de la ficelle… et où il a découvert l’invité non prévu René Hardy.

14 h 30, ils étaient filés

Les trois hommes sont introduits dans la maison par la domestique.

Ils ont été filés, sans évidemment le savoir. Par Edmée Delétraz. Elle est résistante, mais forcée après une arrestation de collaborer avec un agent de l’Abwher, service de renseignement de l’armée allemande, et avec la Gestapo. On lui a donné l’ordre de suivre Hardy, en l’informant que celui-ci était un prisonnier retourné, Hardy le niera toujours. Edmée Delétraz a informé le matin même la Résistance qu’une importante et proche réunion secrète était dans le viseur des Allemands. Mais ses interlocuteurs ne peuvent absolument pas intervenir, le principe du secret faisant qu’ils ne sont évidemment pas au courant de la réunion de Caluire et de ses participants.

Lacaze, Lassagne, Hardy et Aubry sont rejoints au 1er étage de la maison du docteur par Larat, qui arrive seul. Il manque encore trois hommes pour que commence la réunion. Mais elle ne commencera jamais.

15 h, l’arrestation

Jean Moulin, Raymond Aubrac et Émile Schwartzfeld arrivent par le tram 33, en retard. Raymond Aubrac est un des responsables du mouvement Libération. Émile Schwartzfeld, que Jean Moulin espère voir remplacer Delestraint, est le chef de « France d’abord ». La domestique ne les conduit pas au 1er étage, mais dans la salle d’attente du cabinet. Il y a d’autres patients dans la pièce qui attendent. Quelques minutes passent. Une quinzaine…

Deux « Traction », le modèle mythique de Citroën, tellement associé au maquis et à la Résistance, stoppent sur la place. Mais elles ne sont pas occupées par des résistants. Ce sont 7 8 Allemands, armés. Le docteur qui est en consultation les aperçoit depuis sa fenêtre. Ils foncent sur lui. Aucune échappatoire n’est possible, ni pour Moulin, Aubrac et Schwartzfeld dans la salle d’attente, ni pour Lacaze, Lassagne, Hardy, Aubry et Larat à l’étage, dans la pièce où devait avoir lieu la réunion.

C’est là qu’un Allemand apostrophe Aubry, tout en lui donnant des coups, il lui dit qu’il l’a vu sur la veille sur le pont Morand. Aubry aussi était filé. Les Allemands cognent violemment aussi Lassagne. Puis ils chargent tout le monde dans les Traction, ainsi que 2 patientes qui étaient là.

Mais, coup de théâtre : René Hardy se libère de ses entraves aux poignets et s’enfuit. Les Allemands lui tirent dessus, mais ils le ratent. À la surprise plus tard de la domestique du docteur, qui se souviendra combien les soldats étaient proches de Hardy quand ils lui tiraient dessus. Comment ont-ils pu le rater et le blesser seulement à un bras ?

Plus tard, Klaus Barbie dira que les menottes de Hardy étaient truquées… et que sa trahison a eu beaucoup d’importance pour le camp allemand. Cependant Hardy s’en défendra toujours.

Conséquences et causes de l’arrestation de Jean Moulin

L’arrestation de Jean Moulin, représentant de De Gaulle, ainsi des ses compagnons a eu des conséquences graves quant à l’organisation du combat contre les occupants, et plus encore à un très haut niveau politique alors que le Général de Gaulle essayait de s’imposer auprès des Alliés comme chef de la France libre. La lutte de pouvoir entre les différents partis et mouvements résistants pour l’unification et le contrôle de la Résistance en France va durer jusqu’à la fin de 1943. Peut-on considérer que Jean Moulin a été également victime — en plus de l’occupant — de ces dissensions ? Indirectement, il semble bien. Il avait été nommé pour y mettre fin, unifier, et avait une magnifique première réussite à son actif, la mise en place du Conseil National de la Résistance, le fameux CNR, dont on parle toujours aujourd’hui. Jean Moulin est conduit à la prison Montluc (dont nous vous conseillons très vivement la visite) avec ses camarades. Il sera torturé par Klaus Barbie à l’École de Santé militaire (où sont installés aujourd’hui le CHRD et Sciences Po. Il n’avoue rien. Il essaie de se suicider plusieurs fois, Klaus Barbie attribuera ses blessures à ses tentatives, niant qu’il s’agisse des tortures qu’il a pratiquées sur le chef de la Résistance, ceci malgré les preuves. Arrêté brièvement en 1940, Jean Moulin avait déjà fait une tentative en se tranchant le cou. Il est ensuite emmené à la Gestapo à Paris. Il serait officiellement décédé le 8 juillet 1943, à Metz, dans un train vers Berlin. Le 9, le corps d’un Français qui serait Jean Moulin est ramené à Paris, incinéré, ses cendres déposées au Père-Lachaise. Puis, en 1964, avec l’un des plus grands discours de l’histoire de France par André Malraux, au Panthéon.

Gilles Bertin, 18 juin 2023

Visite guidée Lyon et la Résistance

Avec cette visite, vous comprendrez en quoi Lyon est devenue la « capitale de la résistance » pendant la seconde guerre mondiale. Elle est assurée par l’un de nos guides conférenciers. En savoir plus

Nos autres visites guidées de Lyon

Demande d’information et de devis « Lyon et la Résistance »

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Nota : cette page, synthèse de différentes sources citées ci-dessous, tente de reconstituer au mieux la journée du 21 juin 1943 et ce qui a conduit à l’arrestation de Jean Moulin. Cette histoire, complexe, avec de grandes zones d’ombres aujourd’hui encore, peut comporter d’involontaires erreurs. Si c’était le cas, merci de nous les signaler.

Sources :

Historia, Les dessous de l’arrestation de Jean Moulin, 22 septembre 2017 : https://www.historia.fr/les-dessous-de-larrestation-de-moulin

Actualitté, 7 juillet 2021, à propos de la biographie que Thomas Rabino a consacrée à Laure Moulin aux éditions Perrin : https://actualitte.com/article/101267/chroniques/laure-moulin-soeur-courage

CHRD, Centre d’Histoire de la Résistance et de la Déportation, Ville de Lyon, L’arrestation de Jean Moulin [consulté le 18 juin 2023] : http://minisites.gestion.lyon.fr/chrd/sections/fr/pages_fantomes/fiches_thematiques/?aIndex=12

Et différentes pages de Wikipédia.

Visite guidée « Lyon et la Résistance »

Comprendre en quoi Lyon est devenue la « capitale de la résistance » pendant la seconde guerre mondiale avec la présence de Jean Moulin et d’autres figures.

Objectif : Comprendre en quoi Lyon est devenue la « capitale de la résistance » pendant la seconde guerre mondiale.

Pour ce faire, on visitera des espaces du Vieux Lyon et de la Presqu’île qui relatent encore ce moment de l’histoire de la ville. À travers l’explication de la position stratégique de Lyon au centre de la Zone Libre, l’idée sera de montrer pourquoi cette ville devient le pôle central des réseaux (absence du gouvernement de Vichy, presse importante, mains d’œuvre internationale, etc.). 

Puis nous nous intéresserons au fonctionnement de ces réseaux et nous présenterons ses figures les plus importantes. 

Enfin, dans une logique chronologique, nous nous attarderons sur l’arrivée la Gestapo et la fin de la zone libre, la mise en place de la chasse aux résistants et l’arrestation de Jean Moulin. 

Nous ferons également un point sur la libération de la ville puis sur le procès Barbie. Le thème du crime contre l’humanité sera abordé avec différents exemples de crimes commis entre 1942 et 1944 touchant à la Shoa. 

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En savoir plus sur la Résistance à Lyon, la prison Montluc et le mémorial Jean Moulin

Statue du Mémorial Jean Moulin devant la maison Dugoujon à Caluire où eut lieu son arrestation avec ses compagnons

Votre visite

Durée : 2 heures

Point de départ : à décider en commun

Visiter Lyon en 2 jours

Organisez votre week-end à Lyon pour en voir le meilleur : Vieux Lyon, Croix-Rousse, traboules, musées d’art, murs peints, la Résistance.

En 2 jours, en week-end comme en semaine, vous aurez le temps de découvrir d’abord l’exceptionnel patrimoine architectural de Lyon et une partie de ses beautés artistiques, à moins que vous préfériez vous intéresser à son passé durant la Résistance :

  • Le Vieux Lyon, ses traboules et ses cours Renaissance
  • Fourvière, son sublime point de vue sur Lyon jusqu’aux Alpes
  • Croix-Rousse, l’autre quartier historique et ses traboules
  • Le street-art à Lyon
  • Les rives de Saône avec leurs murs peints et leurs marchés
  • Confluence, le nouveau quartier de Lyon à la renversante architecture
  • Les Musée des Beaux-Arts ou d’Art Contemporain et le Parc de la Tête d’Or
  • Le Fort Montluc, le Mémorial Jean Moulin, le Centre National de la Résistance

Programme à adapter en fonction de la météo… Notre conseil le plus important est de visiter le Vieux Lyon lorsqu’il y a du soleil, vous profiterez le mieux de la grande beauté de ses cours Renaissance.

Idéalement, votre programme pourrait être :

Samedi matin (ou 1er matin) : traboules Vieux Lyon et Fourvière

Lyon vue de Fourvière
Lyon vue de Fourvière

Samedi après-midi (ou 1er après-midi) : Croix-Rousse

  • Rejoindre la place des Terreaux, admirer son incroyable fontaine initialement destinée à Bordeaux par Bartholdi
  • Puis suivre notre itinéraire parcours gratuit Traboules des pentes de la Croix-Rousse
  • Vous souhaitez un guide ? Réservez notre visite guidée Croix-Rousse
  • Si vous êtes amateur de photo et peinture actuelles, profitez en pour jeter un coup d’oeil à la dizaine de galeries d’art contemporain de la rue Burdeau
  • Boire une bière ou un bon verre près du Gros Caillou en profitant du soleil couchant sur l’est de Lyon (les Alpes sont visibles asses souvent)

Ou samedi après-midi (ou 1er après-midi) : La Résistance, Fort Montluc, Jean Moulin

Attention, cette visite ne peut être faite que le samedi

  • Prison Fort Montluc OU Mémorial Jean Moulin, voir notre parcours La Résistance, prison Montluc et mémorial Jean Moulin, il est impossible de faire les deux en une demi journée
  • et Centre d’histoire de la résistance et de la Déportation, 14 avenue Berthelot (tramway T2, arrêt Centre Berthelot)

Dimanche matin (ou 2e matin) : street-art ou murs peints et marchés des quais de Saône

Café et/ou petit déjeuner dans l’un des nombreux coffee-shop de la place du Forez ou bien en terrasse place Sathonay puis suivre notre parcours street-art sur les pentes de la Croix-Rousse.

ou bien :

Café et/ou petit déjeuner au bar sur le quai Saint-Antoine

  • Marché du quai Saint-Antoine
  • Bouquinistes du Quai de la Pêcherie et mur peint des écrivains
  • Mur peint des Lyonnais : pour ces murs peints voir notre itinéraire Murs peints des quais de Saône
  • Puis passer de l’autre côté de la Saône pour « faire » les deux marchés, celui de l’artisanat et surtout celui de la création (peinture) jusqu’à la passerelle du Palais de Justice
  • Déjeuner s’il fait froid rue Mercière ou, s’il fait beau, sur un des bateaux restaurant des Berges du Rhône (prendre la passerelle du Collège)

Dimanche après-midi (ou 2e après-midi) : Confluence ou Musée des Beaux Arts ou Parc de la Tête d’Or

  • Berges du Rhône
    Berges du Rhône

    s’il fait beau, deux possibilités :

  • ballade dans le nouveau quartier Confluence et son incroyable succession de bâtiments conçus par des grands noms de l’architecture contemporaine : voir notre parcours gratuit Confluence ou réservez votre visite guidée de Confluence
  • ou ballade sur les berges jusqu’au Parc de la Tête d’Or, ses incroyables serres tropicales et ses roseraies et terminer par une expo au Musée d’Art Contemporain situé en bordure du Parc (il y en a une bonne partie de l’année). Voir notre parcours gratuit du Parc de la Tête d’Or
  • s’il pleut ou fait froid visiter le Musée des Beaux-Arts, c’est le deuxième de France après le Louvre.

Plan des principales visites de Lyon :


Afficher Visiter Lyon en 2 jours sur une carte plus grande

Bon séjour à Lyon en week-end ou en semaine

 

Robert Badinter et la rafle de la rue Sainte-Catherine / La Résistance à Lyon : Mémorial national de la prison de Montluc, Mémorial Jean Moulin de Caluire, CHRD, le Veilleur de pierre

Lieux forts de souvenir de la Résistance contre l’oppression nazie ouverts au public : le Mémorial Jean Moulin à Caluire, dans la maison où celui-ci fut arrêté avec ses compagnons ; la Prison Montluc où les nazis (dont Klaus Barbie) emprisonnaient juifs, résistants, opposants le temps de les torturer avant de les fusiller ou les envoyer en camps de concentration ; le CHRD ; le lieu de la rafle de la rue Sainte-Catherine en 1943 ; la statue de Veilleur de pierre hommage à des résistants place Bellecour.

Hommage à Robert Badinter

Lien vers la rafle de la rue Sainte-Catherine

Robert Badinter est décédé 81 ans après cette rafle, jour pour jour, où fut pris Simon Badinter, son père.

Hommage à Robert Badinter, par le street-artiste Jalb38, rue des Pierres Plantées, Lyon — Photographie GB Lyon Visite du 15 février 2024

Lyon a occupé une place très importante dans la Résistance durant l’Occupation allemande. Nous vous proposons dans cette page de découvrir les lieux les plus marquants de cette histoire :

  • Prison Montluc, où les résistants dont Jean Moulin, Marc Bloch, etc. étaient incarcérés pendant leur interrogatoire et avant leur déportation en Allemagne. En savoir plus
  • Mémorial Jean Moulin à Caluire, dans la maison du docteur Dugoujon où Jean Moulin et ses compagnons furent arrêtés par la Gestapo
    La journée du 21 juin 1943, heure par heure, de l’arrestation de Jean Moulin
    En savoir plus sur le Mémorial Jean Moulin
  • Centre d’Histoire de la Résistance et de la Déportation (CHRD), musée d’histoire installé dans le bâtiment où était installée la Gestapo en 1943-44
  • Rafle de la rue Sainte Catherine. En savoir plus
  • Le Veilleur de pierre, statue mémorial sur la place Bellecour en hommage à 5 résistants assassinés par les Allemands en 1944

Visite guidée «La Résistance à Lyon»

Nos guides vous proposent une visite guidée pour aller plus loin dans cette découverte, notamment comprendre comment Lyon est devenue la capitale de la Résistance :

Comment accéder à ces lieux

  • Prison Montluc : Métro ligne D, arrêt « Sans Souci » ou Tramway T4, arrêt « Manufacture Montluc »
  • Mémorial Jean Moulin, à Caluire et Cuire : Métro C, arrêt CUIRE. Puis prendre bus 38 ou 33, arrêts Caluire-centre.
  • Centre d’Histoire de la Résistance et de la Déportation Musée de Lyon (CHRD), tramway T2, arrêt Centre Berthelot — Sciences Po Lyon
  • Rue Sainte Catherine : métro A, arrêt Hôtel-de-Ville
  • Veilleur de pierre : métro A et D, arrêt Bellecour

Pour les modalités de visite complets voir ci-dessous.

La Résistance à Lyon

L’importante place de Lyon dans l’histoire de la Résistance sous l’Occupation allemande est donnée par le Général de Gaulle, le 14 septembre 1944, au balcon de l’Hôtel-de-ville, place des Terreaux :

« Comment dire à Lyon toute l’émotion, toute la gratitude que je ressens dans cette capitale gauloise qui fut ensuite la capitale de la Résistance française et qui est aujourd’hui une très grande ville de notre France couverte de blessures, éclatante dans son honneur et emportée par son espérance ».

Tous les ponts de la ville ont été détruits par les Allemands pour freiner les alliés. Curieusement, à 54 ans, c’est la première fois que De Gaulle vient à Lyon. À Londres, moins de 3 ans plus tôt, fin 41, il a fait venir Jean Moulin dans la capitale anglaise pour le désigner comme son délégué pour la zone sud. Jean Moulin reviendra à Londres début 43, cette fois De Gaulle le nommera délégué Général pour la France. Il parvient à unifier la Résistance et mi 43 à créer le CNR, le fameux Conseil National de la Résistance. C’est lors de l’une des réunions de ce conseil à Caluire-et-Cuire, le 21 juin 1943, dans la maison du docteur Dugoujon qui abrite aujourd’hui le Mémorial Jean Moulin, qu’il est arrêté avec ses camarades.

D’autres personnages ont marqué à Lyon cette période dramatique de leurs actes. Très courageux pour Lucie et Raymond Aubrac, et nombre de résistantes et résistants. Odieux et abjects pour Raymond Touvier et Klaus Barbie.

Il y eu des événements et des lieux que l’on ne peut évoquer encore aujourd’hui sans frémir. La prison du Fort Montluc où des prisonniers militaires et civils dont Jean Moulin étaient entassés durant leur interrogatoire avant d’être déportés en Allemagne. L’École du service de Santé Militaire où la Gestapo et le sinistre Barbie interrogeaient et torturaient, devenue aujourd’hui un lieu actif de mémoire de cette époque, le CHRD. La rafle de la rue Sainte-Catherine où 86 Juives et Juifs sont arrêtés et déportés, dont le père de Robert Badinter, seuls 3 reviendront. L’attentat de la place Bellecour et les exécutions punitives qui ensuivirent, mémorisées par la statue du Veilleur de pierre. L’affreux bombardement du 26 mai 1944 où larguées de trop haut les bombes alliées qui auraient dû tomber sur le nœud ferroviaire entre Perrache et Guillotière dévastèrent des immeubles voisins.

Les deux lieux restaurés de la prison Montluc et de la maison où fut arrêté Jean Moulin permettent de se replonger de façon très tangible dans ce qui se passa alors, ce grâce à des guides de très grande qualité. On pourra compléter ces deux visites par celle du Centre d’Histoire de la Résistance et de la Déportation (CHRD) qui offre des expositions thématiques situé justement dans les locaux de l’École du service de Santé Militaire où les nazis torturaient.

Des œuvres liées à l’histoire de la prison Montluc (formidable film de Robert Bresson) ou dans la lignée de la vocation de résistance et de liberté du Mémorial Montluc (prix Montluc) vous sont également présentées dans cette page.

Mémorial national de la prison de Montluc

La prison de Montluc  a été utilisée par Vichy puis les Allemands durant la 2e guerre. Elle est devenue mémorial national depuis 2010.

La visite se fait en deux parties. D’abord les salles communes du rez-de-chaussée. Puis 37 des cellules à l’étage restaurées. Dans chacune de ces cellules, la photo de prisonniers qui y passèrent, avec leurs biographies. Quelques noms parmi les plus célèbres : Jean Moulin, Marc Bloch, André Frossard, Jean de Lattre de Tassigny, Habib Bourguiba, les enfants d’Izieu, Klaus Barbie, ce dernier y ayant été emprisonné également, mais bien plus tard, durant son procès en 1987 pour crimes contre l’humanité.

Fort Montluc - Les 37 cellules restaurées - A droite Jeanine Sontag
Prison Montluc – A gauche, les 37 cellules restaurées – A droite, la résistante Jeanine Sontag, passée par la Prison Montluc, torturée par la Gestapo puis fusillée le 20 août 1944 à l’âge de 19 ans

Les visites en groupes sont animées par un guide historien du ministère des Armées sont très complètes, très factuelles et sobres, sans pathos.

La cellule 107 et le film culte de Robert Bresson, Un condamné à mort s’est échappé

2 juin 1943, le lieutenant André Devigny est transféré de la cellule 45 au rez-de-chaussée où il était menotté en permanence à la cellule 107 au 1er étage. Il est déjà un héros. À l’âge de 23 ans, en 1939, il a reçu la première légion d’honneur de la guerre. En Lorraine, pendant une violente attaque allemande de la position de sa section, à 3 contre 1, munitions épuisées, il a engagé une contre-attaque à la baïonnette, et a réussi avec ses camarades, à repousser l’ennemi. Fin 1942,  début 1943, il entre dans la Résistance et le Colonel Groussard le missionne pour mettre en place le réseau Gilbert, réseau de renseignement couvrant la zone sud récemment envahie par les Allemands. Le 17 avril 1943, il est arrêté en gare d’Annemasse par la Gestapo : Gilbert a été infiltré par le redoutable Robert Moog, né à Paris d’une famille alsacienne, collaborateur avec les Allemands dont il parlait parfaitement la langue, agent de l’Abwehr puis de la Gestapo et collaborateur de Klaus Barbie. André Devigny est torturé par ce dernier, en personne, en mai 43. Lors d’un transfert entre le centre d’interrogatoire et la prison, il tente une première fois de s’échapper, mais échoue sur le coup.

Le film culte de Robert Bresson, Un condamné à mort s’est échappé, avec François Leterrier dans le rôle du lieutenant Fontaine commence à ce moment-là.  Il raconte exactement, avec économie et sobriété, dans le détail avec des zooms bressonniens sur les mains, les visages, sur la cuiller utilisée comme outil pour user les planches de la porte de la cellule 107, avec des fondus au noir et de haletantes ellipses narratives, le film raconte l’incroyable et minutieuse préparation et réalisation de la seule évasion réussie du fort Montluc par André Devigny. Celui-ci en a fait en cette même année 1956 le récit autobiographique dans un livre publié par Gallimard. La même année, le jeune François Truffaut, il a 24 ans, écrit à propos de Un condamné à mort s’est échappé :

une œuvre émouvante et neuve grâce au génie obstiné de Robert Bresson qui a su, tout en prenant le contre-pied de toutes les formes de cinéma existant, accéder à une vérité inédite par un nouveau réalisme.

Durant 2 mois, André Devigny prépare son évasion. Après avoir pratiqué une ouverture amovible dans sa porte, il fabrique des cordes et des crochets pour passer les deux murs d’enceinte. Au dernier moment, la prison Montluc étant surchargée, un très jeune condamné est ajouté dans sa cellule. Il est alors placé devant un dilemme cruel. Doit-il le tuer ou risquer de l’entraîner dans son évasion au péril d’être dénoncé ?

Film formidable d’une des plus incroyables évasions de la 2e Guerre mondiale, autant par ses qualités artistiques que son récit humain. Le film est visible du 16 mars au 15 avril 2022 sur la plateforme Mubi.

La porte de la cellule 107 dans le film de Robert Bresson au moment où le gardien y amène le lieutenant Fontaine, cette porte qu’il va user de l’intérieur à l’aide d’une cuiller affutée sur le ciment du sol. (extrait)

Les prix artistique et littéraire Montluc Résistance et Liberté

Le prix Montluc est porté et animé par l’association « Montluc résistance et liberté » dont la vocation est de soutenir le mémorial Montluc.

Ce prix Montluc est double : un prix artistique et un prix littéraire décerné chaque année à des artistes, autrices, auteurs, écrivains dont une œuvre publiée ou crée dans l’année fait avancer la cause des valeurs de résistance et de liberté.

Il est doté d’un montant de 5000€.

Lauréats du prix Montluc

Lauréats 2022 :

  • Prix Littéraire  : Jean D’Amérique, Soleil à coudre, éd. Actes Sud
  • Prix spécial du Jury : Association Bibliothèques Sans Frontières pour l’installation de sa bibliothèque Ideas Box à Hrubieszow en Pologne, à la frontière ukrainienne.

Lauréats 2021 :

  • Colum McCann pour Apeirogon, éd. Belfond
  • Le Livre des 9000 déportés de France à Mittelbau-Dora, éd. du Cherche-Midi

Lauréats 2020 :

  • Aurélie Champagne avec Zébu boy, éd. Monsieur Toussaint Louverture
  • Tsering Dondrup avec Tempête rouge, éd. Philippe Picquier
  • Waad Al-Kateab avec le documentaire Pour Sama
  • Antoine Colnot et Anne Rehbinder avec Urgence, pièce théâtrale et chorégraphique créée pour la biennale de la danse 2020

Lauréats 2019 :

  • Robert Badinter avec Idiss, éd. Fayard
  • Salahattin Demirtas avec L’Aurore, éd. Emmanuelle Collas
  • Hala Alabdalla, cinéaste, pour le programme « Savoir, voir et revoir » de formation à l’image

Lauréat 2018 :

  • Frédéric Gros avec Désobéir, essai, éd. Albin Michel

Modalités d’accès :

  • Septembre à juin : Ouverture du mercredi au samedi : 14h00-17h30
    Visite guidée les après-midi à 15h30.
  • Juillet et août :  Ouverture du mardi au samedi : 9h00-12h00 et 14h00-17h30
    Visite guidée les matin à 10h30 et les après-midi à 15h30.
  • La visite du site est gratuite. Le site est fermé au public les jours fériés.
    Seuls le rez-de-chaussée et les extérieurs sont accessibles aux personnes à mobilité réduite.
  •  Adresse : Mémorial de la prison de Montluc, 4 rue Jeanne Hachette, Lyon 3ème
  • Accès : Métro ligne D, arrêt « Sans Souci » ou Tramway T4, arrêt « Manufacture Montluc » depuis la Gare de la Part-Dieu

Mémorial Jean Moulin

Le 21 juin 1943, Jean Moulin est arrêté par la Gestapo dans la maison du docteur Dugoujon avec d’autres résistants, dont Raymond Aubrac, Henry Aubry, le colonel Lacaze et René Hardy (le seul à s’échapper). Ils étaient venus assister à une réunion de chefs nationaux de la Résistance. On n’a jamais su qui a permis leur arrestation. Jean Moulin sera incarcéré à la Prison Montluc et torturé par Klaus Barbie, le 8 juillet 1943 il meurt en gare de Metz dans le train le conduisant à Berlin pour d’autres interrogatoires.

Cette maison a été restaurée et ouverte au public en 2010. Au rez-de-chaussée, un petit auditorium où est diffusé un documentaire (à voir absolument !) en prélude à la visite. Aux étages, on découvre le cabinet du docteur, le salon d’attente ou Jean Moulin et deux autres de ses compagnons attendaient lorsque la Gestapo est intervenue. A l’étage supérieur, le salon où les autres membres de la Résistance étaient déjà réunis. La restauration a été faite dans la pudeur et le respect.

Mémorial Jean Moulin Caluire près de Lyon
A gauche, la statue de Jean Moulin. Au centre, la maison du docteur Dugoujon, devenue Mémorial Jean Moulin. A droite, la salle d’attente où Jean Moulin était avec deux de ses compagnons au moment de l’arrestation.

A l’extérieur, sur la place attenante, une fort belle statue de Jean Moulin qui, entre les verticales des platanes, redonne paix au coeur. Plus loin, une belle vue sur la Saône. Un lieu serein, à quelques pas de la vie de la grande rue de Caluire, où l’on pourra rejoindre en pensée durant quelques minutes ces femmes et ces hommes qui ont lutté contre la barbarie, pour l’humanité.

On pourra lire, relire ou réécouter ici le discours d’André Malraux lors de l’entrée de Jean Moulin au Panthéon :

[…] entre ici, Jean Moulin, avec ton terrible cortège. Avec ceux qui sont morts dans les caves sans avoir parlé, comme toi ; et même, ce qui est peut-être plus atroce, en ayant parlé ; avec tous les rayés et tous les tondus des camps de concentration, avec le dernier corps trébuchant des affreuses files de Nuit et Brouillard, enfin tombé sous les crosses ; avec les huit mille Françaises qui ne sont pas revenues des bagnes, avec la dernière femme morte à Ravensbrück pour avoir donné asile à l’un des nôtres.

Modalités d’accès

  • Pour les groupes : Sur réservation uniquement
    Visites guidées d’une durée d’une heure
    Renseignements et réservations : 04 78 98 85 26 ou par mail à : m.jeanmoulin@ville-caluire.fr
    Tarifs : 2 € — Gratuité pour les moins de 18 ans, les résidents de Caluire et Cuire et les anciens combattants.
  • Adresse : Mémorial de Caluire, Jean Moulin, 2 Place Jean Gouailhardou, 69300 CALUIRE ET CUIRE
  • Accès : Métro C, arrêt CUIRE. Puis prendre bus 38 (direction Place de la Bascule) ou 33 (direction Rillieux les Alagniers), arrêt Caluire-centre.

La rafle de la rue Sainte-Catherine

En ce 9 février 2024, hommage à Robert Badinter décédé aujourd’hui et à son père Simon Badinter.
Simon Badinter fut raflé le 9 février 1943 ici, rue Sainte-Catherine, il y a 81 ans exactement, avec 85 autres juifs. Robert qui était parti à sa recherche faillit lui aussi être arrêté.

Ici, au 12, la Gestapo est descendue le 9 février 1943, sur ordre de Klaus Barbie. Ce numéro abritait l’Union générale des israélites de France, l’UGIF, à 150 mètres de l’Hôtel de ville de Lyon. La Gestapo y rafle 86 personnes.

L’UGIF a été créée à la demande des Allemands en 1941, par Vichy, pour assurer la représentation des Juifs auprès des autorités. Mais elle fait bien plus, au 12 de la rue Sainte-Catherine à Lyon, elle procure des faux-papiers, trouve des logements, participe à des filières de départ vers l’étranger. Aussi, ce jour-là, le 12 se révèle être une nasse. Dirigée par Barbie, la Gestapo arrête toutes les personnes présentes, puis celles qui pas encore prévenues du piège, arrivent sur le lieu. Deux hommes disposant de faux-papiers réussissent à échapper aux Allemands. Ainsi qu’une femme avec son nourrisson dont les cris dérangent Barbie et qui lui commande d’aller le nourrir, elle ne demande pas son reste. Sur les 86 raflés, deux hommes réussissent à s’évader. En effet, la prison Montluc d’où il était quasi impossible de s’échapper étant pleine, ils avaient été conduits au Fort Lamothe, qui est aujourd’hui la Caserne Sergent Blandan.

22 rue sainte-Catherine, Lyon, siège en 1943 de l’UGIF, où 86 Juifs furent raflés par la Gestapo dirigée par Klaus Barbie.

84 Juifs raflés rue Sainte-Catherine sont déportés le 12 février au camp de Drancy sur ordre signé par Klaus Barbie. Elles et ils partiront ensuite vers les camps de concentration d’Auschwitz, de Bergen-Belsen, de Majdanek, vers le camp d’extermination de Sobibor, sauf une adolescente de 14 ans alors que sa mère est envoyée à Auschwitz. 80 vont mourir dans les camps, seules 3 survivront, dont 2 témoigneront au procès de Klaus Barbie, en 1987, 44 ans plus tard. Parmi ces 80 morts, Simon Badinter, le père de Robert Badinter.

Plaque-avec-les-noms-des-86-Juifs-rafles-rue-Sainte-Catherine-Lyon-1943
Les noms des 86 Juifs raflés le 9 février 1943 par la Gestapo dirigée par Klaus Barbie sur une plaqué apposée près de la porte du 12 rue Sainte-Catherine

Lien vers le discours de Gérard Collomb en 2013, sénateur maire de Lyon, lors de la 70ème commémoration de la rafle du 9 février 1943, rue Sainte-Catherine à Lyon.

Autres lieux

Le Centre d’Histoire de la Résistance et de la Déportation (CHRD), 14 avenue Berthelot – 69007 Lyon. Fermé jusqu’au 14 octobre 2012 pour travaux. Présente des expositions. Possède un centre de documentation offrant des ressources historiques.

Jardin des 44 enfants d’Izieu, angle rues Raoul Servant, Étienne Rognon et Professeur Zimmermann 69007 Lyon 7ème (à proximité du CHRD).

Bonne visite de ces lieux de mémoire

11 avril 2012 : alors que nous avons publié cet itinéraire il y a quelques jours, nous apprenons ce matin la mort de Raymond Aubrac à l’âge de 97 ans, un grand homme, merci encore, merci toujours.